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Je souhaite évoquer les stratégies d'influence visant les personnalités. Existe-t-il des stratégies massives de la part de puissances autoritaires qui portent sur le champ économique concomitamment à la sphère informationnelle ? Je pense notamment aux liens profonds qui unissent des dirigeants allemands et Gazprom. Comment enquêter sur ces réseaux et leurs modes d'influence ? En effet, les hommes politiques, mais aussi les journa...
...ue la frontière est parfois très ténue et subjective entre l'influence et la diplomatie, notamment la diplomatie culturelle. Je souhaiterais que nous nous penchions plus concrètement sur l'ingérence réelle, c'est-à-dire la volonté d'une puissance extérieure d'exercer une action d'influence directe sur les choix politiques ou la situation politique d'un pays tiers. Selon moi, l'objectif de telles stratégies ne vise pas à ce que Vladimir Poutine remporte un concours de popularité en France. En revanche, il vise à favoriser l'émergence d'une forme de cinquième colonne qui puisse agréger les « idiots utiles » dont nous parlions et participer de l'intérieur à la déstabilisation d'un régime ou d'un gouvernement, voire de provoquer des affrontements. À cet égard, il existe plusieurs soupçons d'ingérence...
... la recherche en biologie-santé, parmi lesquels l'Inserm est en première ligne, ainsi que ses conséquences défavorables (dispersion des financements, manque de pilotage et de chef de file, éparpillement des initiatives, rigidités administratives, insuffisante priorisation des recherches, cloisonnement entre politique locale et nationale) ». La première recommandation de la Cour est de définir une stratégie scientifique par site. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre vision de la gouvernance dans le domaine de la recherche biomédicale ? Quel serait, selon vous, le modèle vers lequel les ministères de tutelle devraient faire tendre l'Inserm ? Conformément à la loi de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030, un contrat d'objectifs, de moyens et de performance 2025, le premier de c...
...était besoin, l'urgence de regrouper l'ensemble des recherches en biologie et santé sous l'égide d'un seul organisme, qui se doit d'être l'Inserm. Ce regroupement s'impose d'autant plus que la recherche médicale implique des investissements massifs, avec le passage à la biologie de « haut débit ». Cela conduirait à alléger les lourdeurs administratives, à rendre plus lisible l'organisation et les stratégies de recherche en santé et à mutualiser les moyens. Quelle est votre position sur cette éventuelle réorganisation, alors qu'aujourd'hui, seule l'Aviesan, que vous aurez à présider, permet des liens inter-EPST ? Quels sont la définition des missions de l'Aviesan, les moyens qui lui sont affectés et, tout simplement, sa réalité opérationnelle ? Sur le plan des moyens, ne vous paraît-il pas urgent d...
... que cette situation n'a pas fait l'objet d'un réel plan de redressement de sa part ou d'une demande de retour à l'équilibre de la part des ministères de tutelle. Quelles mesures allez-vous mettre en œuvre, si vous êtes désigné, pour redresser rapidement la situation financière de l'Institut ? Autre point faible de l'Inserm : la gestion des ressources humaines, que la Cour juge déconnectée de la stratégie scientifique, estimant que les dispositifs qui permettent d'accueillir en contrat à durée indéterminée des profils choisis de médecins ou de chercheurs sont insuffisants. Résultat : si, dans les années 1980, 30 % des chercheurs statutaires de l'Inserm avaient une formation médicale, ce taux n'a cessé de diminuer, pour atteindre 6,5 % en 2020, situation regrettable pour la Cour, car les médecins f...
... En effet, le rapport récent de la Cour des comptes indique de nombreuses irrégularités dans le fonctionnement comme dans la gestion de l'Institut. Ce rapport fait notamment état d'une multiplicité d'organes cloisonnés pouvant se révéler un obstacle, au détriment du travail réalisé. La Cour explique que l'Institut est allé trop tardivement vers la politique de site. Envisagez-vous une refonte des stratégies scientifiques ? Les définir par site ne vous semblerait-il pas plus efficient ? Le rapport évoque également la fragilité financière de l'établissement sur plusieurs exercices, hormis l'année 2021, qui a fait apparaître un résultat fortement excédentaire. Cependant, le contrat d'objectifs, de moyens et de performance, signé en février 2022 avec les ministres de tutelle, renforce les moyens allou...
Dans le rapport sur la situation de la recherche scientifique et médicale qu'il a remis la semaine dernière, le professeur Alain Fischer explique que le recul de la recherche biomédicale et en santé en France est dû à une insuffisance de moyens, une organisation complexe, une administration lourde et une stratégie peu lisible. Tout le monde s'accorde pourtant sur le fait que cette recherche est une priorité. Le professeur Fischer propose une revalorisation progressive du financement de la recherche, à l'instar de ce qui s'est déjà fait en Allemagne. Quel est votre avis sur ce sujet ?
...résence importante de personnels hospitalo-universitaires au sein de ses unités de recherche contribue à l'interface indispensable de l'Inserm avec le monde des soins, l'Institut n'est pas véritablement présent " au lit du patient " (recherche clinique) contrairement au positionnement qu'il revendique. » La Cour estime que cela tient à la déconnexion entre la gestion des ressources humaines et la stratégie scientifique de l'Inserm, et à la moindre présence des médecins : ils ne représentent que 6 % des effectifs, contre 30 % en 1980. Que pensez-vous de cette situation ? Comment faire en sorte que l'Inserm contribue à lutter contre la dégradation de la qualité des soins qui caractérise le système français ?
Je vous remercie pour cet exposé passionnant et très complet. Vous avez dit en préambule que vous concentreriez votre réflexion sur la notion d'influence, considérant que l'ingérence relevait, si j'ai bien compris, de manœuvres secrètes. Or vous avez décrit par la suite diverses stratégies d'influence dans les domaines économique, militaire et diplomatique qui, au-delà de leur aspect officiel, visible, utilisent aussi des manœuvres secrètes. Vous avez parlé par exemple du réseau Khan, par lequel le Pakistan aurait aidé la Corée du Nord à se doter de l'arme nucléaire. De même que l'eau souterraine peut jaillir en geysers, il arrive que les manœuvres secrètes apparaissent au grand j...
Dans ce cas, ne faudrait-il pas changer de point de vue et considérer que l'ingérence est caractérisée dès lors que des personnes d'une nationalité cible sont soumises et obéissent, directement ou indirectement, volontairement ou naïvement, à une influence extérieure ? Au fond, l'ingérence serait le résultat d'une stratégie d'influence qui a réussi et qui s'exerce sur des personnes d'une nationalité cible.
...ctive entre les pays européens et les États-Unis en matière d'influence. Cela m'amène à évoquer l'affaire Alstom. Les justices américaine, suisse et britannique avaient mis en cause des pratiques de corruption « classique » de la part de cette entreprise, telles les rétrocommissions. Celles-ci ont donné lieu à des mesures de rétorsion de la part des États-Unis, qui en ont profité pour établir une stratégie d'influence. Pour reprendre vos propos, deux visions de l'influence ont cours. L'une paraît en voie d'extinction dans les démocraties occidentales : la corruption active « à l'ancienne ». L'autre a plus trait à des mesures d'influence pour obtenir des avantages économiques et industriels.
...ême, on a dit que la diplomatie française, sous Louis XV ou juste avant la Révolution, était sous influence autrichienne. En d'autres termes, les historiens considèrent que les décisions du roi ou de ceux qui le conseillaient n'allaient pas dans le sens des intérêts du royaume. Je choisis volontairement des exemples anciens pour éviter les polémiques. Comme vous, je n'ai jamais considéré que les stratégies de puissance avaient cessé. Je remarque cependant que les sujets très importants que vous avez abordés sont assez peu évoqués lors des débats précédant les grands choix démocratiques, ou même dans le débat public d'une manière plus générale, sauf lorsqu'ils ne peuvent vraiment plus être évités parce qu'il y va du maintien de notre niveau de vie, de la protection de nos libertés ou de la sauvegar...
...rès éclairant, qui situe bien le contexte et permet de dessiner quelques perspectives. Je souscris globalement à la distinction assez précise que vous faites entre influence et ingérence. L'influence est vieille comme le monde et le jeu des puissances : elle renvoie à ce que les Anglo-saxons appellent parfois le soft power. À travers toute l'histoire, de nombreux pays ont mis en œuvre des stratégies d'influence ; c'est d'autant plus vrai pour la France, un pays qui se voit comme une puissance, qui est membre permanent du Conseil de sécurité, héritier d'une très longue tradition diplomatique et militaire, et qui détient l'arme nucléaire. En réalité, notre stratégie d'influence est très organisée, même si nous n'affichons pas depuis longtemps notre volonté de l'exercer. L'ingérence – ou l'int...
Vous nous avez présenté les trois grandes familles d'influence et fourni une grille de lecture très opérationnelle. Par-delà le travail d'approche général de la thématique, cette commission d'enquête a l'intention d'œuvrer par grandes zones géographiques : la Russie et certains pays de l'ex-URSS, la Chine et les pays du Golfe. Avez-vous constaté une accélération ou une modification des stratégies d'influence de la part des pays de ces grandes trois zones ? Leurs approches sont-elles différentes ? La stratégie que vous qualifiez de stratégie de « croyance rémunérée » menée par les monarchies du Golfe est-elle spécifique ?
L'influence est assez différente de l'ingérence : elle relève de la séduction et ne s'accompagne pas d'une volonté de nuisance. Il est des stratégies que nous n'avons pas vu venir. Ainsi, la Russie a exploité une certaine image des conflits au sein de nos démocraties, qu'elle a intégrée dans un récit que nous n'avons pas su maîtriser. L'explicitation n'étant pas dans notre culture, nous essayons de calmer les choses sans rappeler nécessairement quels sont les piliers de la démocratie ; or celle-ci consiste justement en une mise en scène des c...
Si vous avez bien distingué la notion d'influence de celle d'ingérence, il peut aussi y avoir des glissements de l'une à l'autre : des stratégies d'influence peuvent glisser tout doucement vers des actions d'ingérence. Au vu de votre expérience d'observateur des comportements des puissances étrangères, quels sont les signaux d'alerte pouvant laisser présumer qu'une stratégie d'influence est en train de dégénérer, de devenir malveillante et de glisser vers l'ingérence ? Quels outils devrions-nous développer afin de percevoir ces signaux ? ...
Vous avez évoqué les différentes offensives médiatiques ayant eu lieu sur différents canaux, notamment à travers les influenceurs et la chaîne AJ+. Cette chaîne diffuse d'ailleurs des contenus qui ne seraient pas tolérés dans son pays d'origine. Vous avez également expliqué que les stratégies de contre-influence sont difficiles à mettre en œuvre. Notre culture démocratique est plutôt d'essence positive : nous ne cherchons pas à combattre les fakes news par d'autres fakes news ou par la mauvaise foi. Malgré tout, nous risquons de perdre face à des stratégies qui cherchent à miner notre société. Comment faire pour renverser la vapeur, descendre dans l'arène et combattre c...
Au début de votre exposé, vous avez évoqué la stratégie de l'État islamique, qui a investi très rapidement le web en créant notamment de nombreux comptes Twitter. On connaît également l'existence d'une usine à trolls en Russie. Elon Musk a récemment ouvert la possibilité de certifier des comptes Twitter pour 8 euros : aussi les comptes de certains terroristes afghans sont-ils maintenant certifiés. Cette volonté de libéraliser Twitter à outrance relève...
Vous avez très bien décrit les stratégies d'influence de la Russie, mais les éléments constitutifs du système de contrôle que vous avez évoqué renvoient surtout à l'influence exercée par les États-Unis. Le système monétaire, dont l'influence est effectivement déterminante, est dominé par le dollar. Le système juridique, celui du lawfare, est également américain. Il en est de même des sanctions, qui émanent essentiellement des Éta...
Vos propos sur l'achat des loyautés par des propositions gratifiantes me semblent particulièrement intéressants. Dans l'industrie, c'est une chose contre laquelle on met fortement en garde. Je souhaiterais vous interroger sur les éventuelles stratégies d'influence de deux pays dont vous n'avez pas parlé : Israël et l'Arménie. Pourriez-vous nous éclairer sur celles-ci ?