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Monsieur le ministre, sur les intérêts vitaux, on vous suit, car on comprend qu'il ne soit pas question de donner la liste des cibles dont l'atteinte vaudrait dissuasion. Par contre, on ne peut pas vous suivre quand vous proposez de mettre autant d'argent dans la modernisation de l'arme nucléaire, parce que cela revient en fait à la rendre plus efficace, donc encore plus meurtrière.
Cet amendement reprend le dispositif de la proposition de loi constitutionnelle visant à protéger et à garantir la force de dissuasion nucléaire, que notre groupe avait déposée. Pour que la France puisse assurer son rôle de puissance d'équilibre et garantir la sécurité de ses intérêts au regard des menaces qui pèsent sur elle, elle dispose de cette capacité de dissuasion, devenue avec le temps un outil indispensable pour peser et porter avec crédibilité la voix et l'influence de la France sur la scène internationale. Pourtant,...
Avis défavorable. Le rapport annexé n'a pas vocation à servir de doctrine d'emploi pour la dissuasion nucléaire.
... un « parapluie nucléaire » – même si c'est un problème qui concerne davantage les autres nations que la nôtre, c'est une question à laquelle il faut réfléchir quand on est membre d'une alliance comme l'Otan. J'ajoute que cette idée du partage a notamment été évoquée outre-Rhin et que depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, la question est posée des risques pesant sur le financement de la dissuasion nucléaire. Il était donc normal d'évoquer le sujet, sans qu'il s'agisse pour nous de chercher à circonscrire les intérêts vitaux de la nation. Pour le reste, l'amendement du RN est imprécis, vous l'avez bien dit.
...tre vous connaissent-ils les travaux de l'université de Chicago, notamment l'horloge de la fin du monde, the Doomsday Clock, qui permet de montrer que l'apocalypse nucléaire marquant la fin du monde n'a jamais été aussi proche puisque, si la fin du monde survient à minuit, il était, en janvier dernier, vingt-trois heures cinquante-huit. Face à cette menace qui s'approche, on nous répondra dissuasion. Mais l'escalade doit-elle être le seul horizon que nous puissions offrir à nos sociétés et aux générations futures ? Toujours plus d'escalade, toujours plus d'argent public, pour aboutir, peut-être, à une catastrophe nucléaire ? Nous considérons que la France doit être à l'avant-garde des puissances nucléaires et devenir membre observateur du Tian, pour favoriser un désarmement qui, évidemment,...
...ne s'agit pas de reconnaître dès à présent une obligation de désarmement unilatéral, vous l'aurez bien compris. Et pour appuyer la pertinence de ce devoir moral que nous nous imposerions, je citerai, comme je l'ai fait en commission, l'exemple de l'Allemagne, qui n'a pas rechigné à se présenter à la première conférence d'examen du Tian, tout comme l'ont fait de nombreux autres États croyant en la dissuasion nucléaire pour s'être placés sous le parapluie états-unien. Ces pays ont ainsi choisi de ne pas balayer d'un revers de main cette initiative de la société civile internationale, le Tian étant le fruit de l'action de l'Ican – campagne internationale pour abolir les armes nucléaires. Nous estimons qu'il est désormais possible de porter un œil bienveillant sur cette initiative. Il nous semble même ...
Si notre modèle de dissuasion est opérant dans le champ actuel des relations internationales, il ne doit pas nous empêcher d'imaginer un monde débarrassé des armes de destruction massive. La France, en tant que membre observateur du traité sur l'interdiction des armes nucléaires, pourrait contribuer aux travaux conduits par les signataires et à leurs avancées. Nous ne pouvons évidemment pas mettre un terme à la dissuasion en...
Tout d'abord, je rejoins les trois interventions précédentes et je tiens à insister sur l'importance du geste que représenterait l'adhésion de la France au Tian en tant que membre observateur. Vous l'avez dit, monsieur le ministre, notre pays a toujours eu une position et une voix singulières en matière de dissuasion. En définitive, nous prolongerions cette histoire en accomplissant ce geste alors que nous sommes un pays doté pour lequel la dissuasion nucléaire – cela a été dit dès le début du débat – occupe une place très importante. Ce serait la marque forte de notre engagement en vue d'une interdiction multilatérale des armes nucléaires, dont la dangerosité a aussi été rappelée. Car s'il s'agit d'un outil...
...ays européens, certains étant même membres de l'Union européenne, y participent déjà en tant qu'observateurs : je pense à l'Allemagne, à la Finlande, à la Norvège, à la Suède, à la Suisse. Deux grands pays comme le Brésil et l'Indonésie ont également fait le choix d'y adhérer en tant qu'observateurs. Ce serait l'honneur de la France d'emprunter le même chemin, ce qui ne remettrait pas en cause la dissuasion nucléaire comme pilier de notre défense. J'espère que ce sera aussi notre choix et qu'il sera inscrit dans le projet de loi de programmation militaire.
Notre dissuasion contribue à cette ambiguïté. À cet égard, le cardinal de Retz ne disait-il pas qu'on ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment ? Et vous, au moment précis où nos armes nucléaires sont plus que jamais utiles, vous proposez que nous rejoignions le Tian ! J'écoutais notre collègue Roussel, notre camarade qui, avec l'héritage de l'URSS et de ses missiles, nous disait avoir le rêve qu'en 2027 lui ou...
L'escalade dont parlait M. Julien-Laferrière, c'est vous ! Si demain nous ne disposons plus de la dissuasion, que nous restera-t-il ? Une dissuasion conventionnelle. Il ne nous faudra alors pas consacrer 2 % du PIB à la défense, mais 3, 4 ou 5 % du PIB, comme le font les Polonais. Le moment est venu de se souvenir des propos de François Mitterrand, qui, bien que venant de la gauche, avait repris à son compte l'héritage du général de Gaulle : « Le pacifisme est à l'Ouest et les euromissiles sont à l'Est...
Notre collègue a bien fait de parler de la guerre en Ukraine car la dissuasion nucléaire ne l'a pas empêchée.
...ient leurs rêves et leur espoir dans l'avenir être menacés par cette guerre. On a vite oublié ce moment-là ! Je constate par ailleurs qu'il existe des États dotés de l'arme atomique, qui sont d'ailleurs tous opposés au Tian, et des États qui n'en sont pas dotés, car, en théorie, le droit international leur interdit de détenir cette arme. Au nom de quoi certains États peuvent-ils bénéficier de la dissuasion nucléaire et d'autres ne le peuvent-ils pas ? Au nom de quoi la défense de leur pays coûterait-elle moins chers aux Français, grâce à la dissuasion nucléaire, alors que d'autres doivent financer une défense conventionnelle plus coûteuse ? Comment justifier une telle inégalité ? Un monde pacifié ne pourra voir le jour que par une collaboration d'égal à égal. Il nous faut solder l'héritage de la d...
Notre politique de dissuasion nucléaire est d'abord la garantie de la paix sur l'ensemble du territoire national et, nous voulons le réaffirmer ce soir, sur l'ensemble du territoire européen. Pour préserver nos intérêts vitaux dans le monde actuel, la dissuasion est nécessaire. Nous saluons les engagements de la France en matière de réduction des armements nucléaires et nous rappelons qu'elle s'est donné des obligations en l...
Par cet amendement, nous souhaitons réaffirmer notre crédibilité en matière de dissuasion.
La crédibilité est le fondement même de notre dissuasion. Avis favorable.
...sibles dans une zone de plusieurs dizaines de kilomètres carrés, avec des conséquences constatées pendant des décennies, qui persistent encore aujourd'hui. Nos têtes nucléaires ont aujourd'hui une puissance de 100 kilotonnes et les missiles M45 et M51 peuvent en porter six chacun, soit une puissance de frappe mille fois supérieure à celle de la bombe d'Hiroshima. On peut donc se demander si notre dissuasion nucléaire n'est pas déjà assez crédible. Nous entendons et je l'ai d'ailleurs déjà dit, qu'il faut l'entretenir afin qu'elle conserve son efficacité et son poids dissuasif, mais pourquoi le projet de loi prévoit-il de renforcer les têtes nucléaires afin qu'elles soient plus efficaces et plus meurtrières ? Le fait que nos bombes soient mille fois plus puissantes que celle d'Hiroshima amène à s'in...
...lus regrettable qu'il a déposé un amendement grâce auquel, selon lui, nous pourrions éradiquer Daech avec l'arme nucléaire. Cet amendement, qui contredit la doctrine nucléaire française dans sa pureté, n'est pas à la hauteur de nos débats. Il nous a aussi gratifiés de son savoir encyclopédique en matière de citations littéraires, mais, que je sache, le cardinal de Retz n'était pas partisan de la dissuasion nucléaire, pas plus qu'il n'était fin connaisseur de sa grammaire. L'amendement de nos collègues du groupe Socialistes me semble un peu superfétatoire puisque les textes faisant autorité en la matière ne dissocient pas la notion de crédibilité de celle de dissuasion. Nous soutenons cette logique : l'une ne peut exister sans l'autre.
Nous avons tous ici conscience de l'horreur qu'est l'utilisation de l'arme nucléaire. Certains ont d'ailleurs rappelé les conséquences de l'explosion à Hiroshima d'une bombe de 15 kilotonnes. Cette conscience de l'horreur fait partie de la dissuasion : le nucléaire dissuade parce qu'il est horrible. On trouve dans certains des propos tenus depuis tout à l'heure du Chamberlain et du Daladier.
Il vient sans doute clôturer les presque deux heures de débat de ce soir sur la dissuasion nucléaire, question extrêmement importante pour notre politique de défense. Je voudrais souligner, comme l'ont fait de nombreux collègues, la qualité de ces échanges. Au cours de ce débat, la NUPES a démontré sa volonté commune et constante de tracer un chemin vers la paix afin de construire un monde où l'arme nucléaire ne serait plus nécessaire.