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...lité, ou une faculté, mais je ne pense pas qu'il soit souhaitable de l'inscrire comme un droit. En outre, Mme la rapporteure l'a dit et nous en avons déjà délibéré, nous ne voulons pas en faire un droit opposable. Je voudrais vous faire part de mon expérience. Il y a dans mon territoire un institut de lutte contre le cancer, où j'ai été amené à procéder, en tant que maire, à des mariages ante mortem, c'est-à-dire juste avant la mort. J'arrivais alors dans une chambre, face à une personne exsangue, au bout de sa vie, percluse de douleur, afin d'acter un mariage décidé préalablement. Il est vrai que, en des circonstances comme celles-ci, il est légitime de se demander si le législateur qui examine un tel projet de loi ne devrait pas laisser le choix aux personnes qui sont dans une telle ...
Nous entendons des termes très importants – d'aucuns considèrent qu'il s'agit de questions sémantiques, mais ce n'est pas mon cas. Il est ici question de droit – on parle du droit de choisir sa mort – et de liberté. On nous dit, comme si cela permettait de trancher de manière définitive, d'écouter les demandes de nos concitoyens. Mais que veulent-ils ? Veulent-ils mourir ou ne plus souffrir ?
...s à ces situations. C'est le plus horrible qui puisse arriver à un parent, mais il est aussi horrible de voir souffrir son enfant en sachant qu'aucune issue favorable n'est possible. Vous parlez d'explosion des chiffres, de dérives, d'ouverture des critères. En réalité, dans les pays où l'aide à mourir est autorisée depuis des années, on observe que les gens qui y ont recours ont des pathologies mortelles, comme des cancers, ou une pluralité d'affections, ou bien sont en phase terminale. Les dérives dont vous parlez sont très peu nombreuses. L'augmentation des cas n'est due qu'au vieillissement de la population et à la multiplication des cancers. Si de plus en plus de personnes veulent avoir recours à l'aide à mourir, c'est parce qu'il y a de plus en plus de personnes atteintes d'une maladie...
...e raconte sa longue errance médicale, les multiples interventions subies, les trente-cinq séances de radiothérapie et, en octobre 2021, son refus de reprendre un traitement de chimiothérapie. Elle témoigne aussi de sa reconnaissance pour l'écoute et la douceur manifestées vis-à-vis d'elle et de son mari par l'unité de soins palliatifs qui l'accompagne et le fera jusqu'au bout. « Le bout, c'est ma mort », écrit-elle. Elle pourrait demander la sédation profonde et continue jusqu'au décès mais s'y refuse. « Je ne veux pas mourir à petit feu ». Elle évoque sa peur d'une agonie longue et incontrôlée. « Je préfère mourir le sourire aux lèvres, quitter définitivement mon mari à un instant choisi par nous deux, plutôt que de laisser un hasard morbide et mortel nous séparer. Je souhaite mourir main da...
L'article 5, qui définit l'aide à mourir, pose selon moi trois problèmes. Premièrement, il ne donne pas le nom de ce qu'il prétend définir. Or regarder la mort en face, comme l'appelait de ses vœux le Président de la République, ce n'est certainement pas refuser de nommer ce que l'on préconise d'instaurer. Deuxièmement, la substance létale peut être administrée par une personne qui est désignée et qui se manifeste pour le faire. Or on ne peut à la fois être désigné et se manifester – c'est l'un ou l'autre. Il y a là un problème de cohérence. La possib...
...rmettent de faire face aux difficultés liées à la fin de vie. Ne nous y trompons pas, cependant : notre débat ne porte pas essentiellement sur les ultimes moments de la vie. La loi initiale allait déjà bien plus loin et ne concernait pas uniquement celles et ceux qui vont mourir ou qui en expriment la volonté. Le débat porte sur notre rapport collectif à la vie elle-même, à la souffrance et à la mort – pas uniquement à la sienne propre. C'est bien l'ensemble du corps social qui est ici convoqué. Certains s'agacent de ce débat, parfois douloureux parce que nos angoisses y apparaissent à vif et nos émotions à nu, parce qu'il réveille des expériences et des drames. J'aimerais leur dire qu'il est indispensable d'accepter qu'un député partage ses interrogations – c'est d'ailleurs tout à son honne...
L'article 5 constitue le point de bascule, celui qui nous fait passer d'une société qui a érigé en valeur fondamentale le principe millénaire « Tu ne tueras point » à une société où donner la mort serait vu comme un progrès. Il définit en effet l'euthanasie et le suicide assisté mais sans les nommer. Cette rupture anthropologique et déontologique sera légitimée par la loi. Cet article bouleverse radicalement le rôle de la médecine et des soignants. Une nouvelle exception à nos principes pourrait donc être votée aujourd'hui. Elle plonge ses racines dans un sentiment infiniment légitime et...
Ce projet de loi est particulièrement important puisque, pour la première fois dans notre pays, nous sommes appelés à voter pour, ou contre, une loi qui autorise à donner la mort, certes de façon très encadrée. L'organisation des débats, telle que vous l'avez prévue, madame la présidente, avec le bureau de l'Assemblée nationale, est pertinente puisque vous donnez la parole, pour chaque groupe, à deux orateurs – l'un pour, l'autre contre. Pour ma part, je me situe dans une troisième catégorie, celle des personnes qui s'interrogent, qui ont des doutes – et j'en ai beaucou...
...anasie, c'est aussi ouvrir la boîte de Pandore. Cela pourra donner lieu à des dérives semblables à celles que nous avons observées dans d'autres pays, car les balises, aussi strictes soient-elles, sont vouées à disparaître avec le temps. En autorisant le suicide assisté et l'euthanasie, nous créerons une brèche dans le socle éthique de notre société. Nous risquons de banaliser l'acte de donner la mort et de faire peser sur les patients et leurs familles une pression insidieuse, les conduisant à considérer la mort comme une solution acceptable à la souffrance et, au bout du compte, comme une solution économique. Est-ce vraiment le message que nous voulons transmettre ? Non, mes chers collègues !
Une fois abolie cette violence qui consiste à proscrire à un individu de choisir sa propre mort, l'obliger à souffrir au nom d'un principe d'intérêt public que personne ne peut justifier, une série de questions demeurera. Nous nous battrons en particulier pour que soit reconnu le droit de l'individu à choisir non seulement l'heure, le lieu et la date de son décès, mais aussi la personne qui lui tiendra la main jusqu'au dernier moment et accompagnera son geste ultime. Cette reconnaissance fe...
Oui, je soutiens le droit à l'autonomie et la liberté de choix, considérant que chaque individu devrait pouvoir décider de sa propre mort. Nous devons ce respect à chacun. Le groupe Les Républicains votera très minoritairement en faveur de cet article.
...; il y aura au sein de cet hémicycle, mais aussi à l'intérieur de mon groupe, des avis différents. Mais j'espère que nous aurons tous en tête, malgré nos divergences, celles et ceux pour lesquels nous sommes ici. Nous pensons tous à des personnes déjà parties ou confrontées à la maladie, qui demandent que nous légiférions car elles réclament une aide à mourir qui leur permette la dignité dans la mort. J'espère véritablement qu'elles seront au cœur de nos débats. Pour ma part, j'aimerais que nous ne parlions pas de personnes qui « veulent mourir », mais de personnes qui, comme nous toutes et tous, aspirent à la mort la plus sereine possible. Parfois cela ne se produit pas ainsi, mais nous ne souhaitons à personne de mourir dans les souffrances auxquelles sont confrontés aujourd'hui certains m...