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Je tiens à vous remercier au nom du groupe Les Républicains pour votre présence aujourd'hui, qui a ouvert des perspectives très intéressantes. Vous avez indiqué que l'Afrique était rentrée dans un nouveau cycle de son histoire, dans lequel la France ne jouerait qu'un rôle secondaire. Pensez-vous que ce cycle est enclenché par une nouvelle forme de souverainisme africain ou bien par la mutation des acteurs présents en Afrique où la France se voit petit à petit remplacée par la Russie et la Chine ? Quels sont selon vous les facteurs endogènes ayant mené à ce nouveau cy...
Je vous remercie pour votre propos liminaire. Pour nous, ce cycle d'auditions sur l'Afrique, un an après la fin de l'opération Barkhane, est l'occasion de montrer que notre ligne était la bonne depuis le début et de tirer maintenant des conclusions du constat actuel. Pour rappel, la France est encore largement présente en Afrique. Vous l'avez bien dit : les subsides de « la Françafrique » perdurent, sur les plans militaire, économique et culturel, comme en témoignent les bases militaire...
Je vous remercie pour votre exposé. Au nom du groupe Socialiste, je tiens à saluer le début de notre cycle d'audition sur l'Afrique. Ce cycle d'audition répond en effet à un besoin réel d'alimentation des travaux de notre commission parlementaire sur un sujet majeur des relations internationales et de la géopolitique. Le 27 février 2021, Mohamed Bazoum, alors candidat du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme, remportait le second tour de l'élection présidentielle nigérienne avec 55,67 % des voix face à Mahamane ...
À votre connaissance, quels sont les pays où l'influence française a le plus diminué ? À l'inverse, quels sont ceux où elle demeure forte ? J'imagine en effet que la situation n'est pas similaire dans tous les pays d'Afrique. Comment expliquer l'évolution de cette situation ?
Je voudrais évoquer avec vous l'enjeu du renouvellement des élites, que vous avez mentionné. En réponse aux défis économiques sécuritaires auxquels l'Afrique fait face, ce renouvellement passe par la formation des jeunes générations. La France a longtemps été, il me semble, un partenaire privilégié, notamment au niveau universitaire. Je pense entre autres au Centre d'études et de recherches sur le développement international (Cerdi), qui regroupe des enseignants du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), de l'Institut de recherche pour le...
J'aimerais vous interroger sur l'évolution d'un pays qui était autrefois au cœur de ce qu'on a appelé « la Françafrique », le Sénégal. Des élections auront lieu en 2024 dans ce pays et le président Macky Sall semble très contesté par une partie de la population, qui lui reproche précisément sa proximité réelle ou supposée avec Paris. En mars 2021, des manifestations anti-françaises ont éclaté dans tout le pays. Des enseignes comme Auchan, Eiffage ou Orange ont été mises à sac. Plus récemment, l'Institut français a...
Depuis plusieurs années, la présence française en Afrique se délite, le plus souvent par une vague de contestations militaires. Ma question porte sur l'avenir, car de nombreux pays abritent encore des bases militaires françaises dans le cadre des coopérations militaires sur ce continent, berceau de l'humanité. La France, présente à Djibouti, en Côte d'Ivoire, au Gabon, au Sénégal ou au Tchad, participe en effet activement à la stabilisation de ces zones...
Je vous remercie pour ces échanges et ces paroles de sagesse, qui constituent une bonne introduction à notre cycle sur l'Afrique. Nous retenons notamment votre dernière phrase sur notre offre stratégique à la fois fondée sur des éléments très concrets et matériels, mais aussi sans doute sur une quête de sens nécessaire pour ce nouveau partenariat. Nous retenons également votre proposition d'articuler ce sens autour de nouveaux horizons communs, que nous devons développer ensemble. Nous espérons en outre pouvoir vous rencon...
...et important. Ce thème a été proposé par plusieurs membres du bureau de la commission et est devenu particulièrement pertinent ces derniers temps, notamment en raison des tumultes politiques qui ont marqué les relations entre la France et certains États africains. Les critiques formulées dans certains pays africains contre ce qui est perçu, à tort ou à raison, comme une réminiscence de la « Françafrique », sont de plus en plus audibles. Les discours politiques appelant à une sortie du franc CFA prennent de l'ampleur et il est essentiel que notre commission puisse répondre de manière informée et précise sur le plan technique à cette demande politique. Il est donc apparu souhaitable que nous examinions les différents arguments et entendions des spécialistes de la question. J'espère que cette table...
...nt sur la surévaluation de notre monnaie pour nos échanges. Le premier problème est donc celui de l'arrimage, et le second, celui de la fixité de cet arrimage à une zone inappropriée. La quatrième question, qui rejoint certaines réflexions finales de notre dernier intervenant, concerne la part de l'intégration à la zone euro et la part de la mutualisation au sein des deux zones, principalement l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale, notamment en matière de mutualisation des réserves. Peut-on envisager un fonctionnement sans la France ? Ce n'est pas évident mais cela soulève une problématique intéressante. Le problème ne réside-t-il pas dans l'existence de trois niveaux de monnaie nationale, régionale et de zone ? Ces trois niveaux peuvent-ils être distingués ? Je n'en dis pas plus, je souha...
Aujourd'hui, nous abordons la question de l'Afrique sous l'angle monétaire, un sujet particulièrement pertinent. L'Afrique est constamment au cœur de notre actualité, notamment en raison des récents bouleversements politiques. Je pense bien sûr aux coups d'État au Soudan, en Guinée, au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Gabon, ainsi qu'aux changements démocratiques au Sénégal. Nous avons également en tête les campagnes antifrançaises, la montée...
...s par le Trésor français et maintient un taux de change fixe, facilitant ainsi les accords commerciaux. Il favorise également l'intégration régionale et l'interconnexion des systèmes économiques nationaux. Un exemple éloquent des conséquences de la sortie du franc CFA est celui de Madagascar en 1973, l'année où le pays a quitté la zone CFA. À cette époque, Madagascar était le pays le plus riche d'Afrique de l'Est. Aujourd'hui, il est le quatrième pays le plus pauvre de la région et le sixième du continent, un véritable effondrement économique, bien loin de l'Eldorado promis par les révolutionnaires anti-français. En 2023, l'Afrique subsaharienne représente 1,8 % des exportations françaises et 1,9 % des importations. Parmi ces importations, 11,6 % concernent des produits stratégiques tels que les...
...en cause cette monnaie. Par ailleurs, le basculement vers une nouvelle monnaie, l'eco, tarde à se concrétiser. L'arrimage à l'euro, une monnaie forte, a eu pour conséquence de renchérir les importations à l'ère de l'inflation post-Covid. De plus, la dévaluation de l'euro par rapport au dollar américain a entraîné une explosion de l'endettement des États de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), ces dettes étant contractées en dollars. En 2024, il est impératif de sortir du système du franc CFA, qui représente une domination économique et politique exercée par la France et l'Union européenne sans avoir prouvé son efficacité en termes de développement pour les peuples. Mme Lafitteau, vous avez développé trois scénarios de sortie du franc CFA. Pouvez-vous nous les ex...
Le sujet du franc CFA constitue effectivement un élément central dans la relation entre la France et l'Afrique et nous y avons consacré beaucoup d'efforts avec Bruno Fuchs dans le cadre de notre mission d'information sur les relations entre la France et ce continent. J'en ai tiré la conviction que le franc CFA est devenu une source de désinformation et de fantasmes. Nous avons entendu de nombreuses théories sur les avantages que notre pays pourrait en retirer mais, concrètement, la France a quitté les ins...
Au-delà des aspects techniques, il est évident que le devenir du franc CFA revêt des enjeux politiques et économiques majeurs. Vous avez tous souligné que le franc CFA contribue à la stabilité monétaire des États qui l'utilisent, soit environ 160 millions d'habitants. En 2020, les pays de la zone franc ont enregistré une croissance légèrement positive de 0,3 %, alors que l'ensemble de l'Afrique subsaharienne connaissait un recul de près de - 1,7 %. De plus, l'inflation y est relativement faible et maîtrisée. Cependant, l'enjeu politique demeure central. Le franc CFA symbolise un passé qui ne passe pas. Il est impératif de reconnaître la légitime aspiration des pays à exercer leur souveraineté, y compris monétaire. Je souhaite insister sur ce point, notamment auprès des collègues aux se...
... l'un des attributs du pouvoir régalien des États et la dépendance de la zone CFA à la politique monétaire de la zone euro constitue une aberration complète. Il est impératif que ces États se libèrent enfin de cette survivance coloniale. L'urgence est donc que la France renonce à ses intérêts propres et cesse toute ingérence dans la politique monétaire et économique de ces peuples. Les peuples d'Afrique de l'Ouest aspirent à ce que l'on appelle « la deuxième indépendance » : après l'indépendance politique, ils recherchent désormais l'indépendance économique et monétaire. La récente élection de Diomaye Faye au Sénégal en est peut-être aussi le résultat. Ce carcan monétaire, malgré la pseudo-réforme de 2019, n'a pas coupé le triple lien ombilical qui relie le franc CFA à la zone euro. Ce lien perm...
Ce débat revêt une importance capitale pour l'avenir des relations entre la France et l'Afrique. Je souhaite formuler deux remarques, l'une d'ordre politique et l'autre d'ordre économique, avant de poser deux questions précises. Le premier point, souvent négligé dans notre pays, est qu'il n'existe pas de souveraineté nationale sans souveraineté monétaire. Depuis de nombreuses années, nous subissons les conséquences industrielles, économiques et politiques de notre dépendance à l'euro, ce q...
La France, en raison de son histoire avec l'Afrique, a contribué à la création du franc CFA. Ce dernier suscite de nombreuses critiques. Pour certains, il symbolise la « Françafrique », tandis que pour d'autres, il constitue un outil économique pour le développement du continent africain. Les devises du franc CFA sont utilisées par une dizaine de pays d'Afrique centrale et de l'Ouest. Elles sont rattachées à l'euro à un taux fixe garanti par le Tr...
...du franc CFA. Cette réforme vise à introduire une nouvelle monnaie, l'eco. Je souhaite poser deux questions à ce sujet. Premièrement, la détérioration des relations entre la France et certains pays de l'UEMOA, notamment ceux du Sahel, pourrait-elle compromettre l'aboutissement, voire l'existence de cette réforme ? Deuxièmement, dans un contexte où le franc CFA semble rejeté par de nombreux pays d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale, le maintien de la garantie par la France ne risque-t-il pas d'amplifier ce ressentiment ? Si tel est le cas, existe-t-il une alternative viable à cette garantie ?
...alement d'une réalité économique, et pas seulement d'un héritage colonial. Vous affirmez que le franc CFA n'apporte aucun avantage aux pays qui l'utilisent. Pourriez-vous nous fournir des éléments supplémentaires pour démontrer en quoi cette monnaie constitue un fardeau ? Il est également pertinent de rappeler qu'un pays souverain peut perdre sa souveraineté même en ayant sa propre monnaie. Si l'Afrique et l'Europe ont tourné la page de la colonisation, il subsiste néanmoins des traces de cette période, tout comme il reste en France des marques de l'Empire romain ou napoléonien. Ne pensez-vous pas que le franc CFA mérite d'être préservé pour le bien des économies africaines ? C'est là la véritable question. En cherchant à s'en défaire, ces pays pourraient se retrouver à utiliser des monnaies com...