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Intervention de Nicolas Sansu

Séance en hémicycle du lundi 18 mars 2024 à 16h00
Adaptation au droit de l'union européenne en matière d'économie de finances de transition écologique de droit pénal de droit social et en matière agricole — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Sansu :

…alors que les quotas gratuits seront alloués jusqu'en 2036. C'est une ineptie : il eût été possible d'avancer cette date à 2030, comme le recommandait un rapport sénatorial.

Faut-il rappeler qu'en France, en 2022, le marché carbone englobait 1059 installations qui ont émis 84 mégatonnes de CO2, soit environ 20 % des émissions territoriales de la France. En parallèle, 52,9 millions de quotas gratuits ont été alloués à l'industrie pour une valeur de près de 5 milliards d'euros, un montant sans commune mesure avec le 1,8 milliard d'euros de recettes annuelles. Prenons l'exemple de Total, le dix-neuvième plus important émetteur de gaz à effet de serre du monde entre 1988 et 2015. Pour ses raffineries françaises, il a reçu gratuitement 71 % des quotas dont il avait besoin en 2017, soit environ 25 millions d'euros.

Nous déplorons de même que la date d'entrée en vigueur de l'article 31, relatif à l'interdiction des microplastiques, soit trop lointaine – cet article s'aligne sur le droit des pays les moins vertueux en matière environnementale. De plus en plus de recherches démontrent pourtant la nocivité des microplastiques – la dernière en date, celle d'une équipe napolitaine, a montré qu'ils étaient présents dans les artères coronariennes. Les leçons de l'amiante, des phytosanitaires ou du chlordécone n'ont visiblement servi à rien.

Dans le cadre de cette doxa libérale, comment ne pas souligner l'ambiguïté de l'article 6, qui habilite le Gouvernement à légiférer par ordonnance sur l'encadrement des cryptoactifs ? Nous savons à quel point le recours à ces cryptoactifs a favorisé les pratiques de blanchiment et de financement de réseaux mafieux ou terroristes, sans jamais rien apporter à l'économie réelle. Sans valeur intrinsèque, ces actifs sont voués à ne valoir que zéro euro, à moins qu'ils ne fassent l'objet d'emballements spéculatifs auxquels succédera inévitablement l'effondrement. L'explosion de la bulle bitcoin en 2018 a montré les risques que ces actifs faisaient courir pour l'économie. Quid de celle qui grossit depuis la fin de l'année 2023 ? À force d'avoir tout déréglementé, vous courez derrière chaque innovation financière pour tenter d'imposer un semblant de régulation – toujours trop tard.

Enfin, comment ne pas évoquer l'amendement n° 44 du Gouvernement, qui vise à mettre notre droit en conformité avec le droit européen s'agissant de l'acquisition de congés en période d'arrêt de travail. Il aura fallu plus de vingt ans pour que la directive du 4 novembre 2003 concernant certains aspects de l'aménagement du temps de travail soit enfin appliquée. Pourtant, fidèles à votre idéologie selon laquelle une personne qui ne travaille pas – qu'elle soit au chômage ou malade – est avant tout un fainéant responsable de son sort, vous en profitez pour introduire une mesure discriminante en plafonnant à quatre semaines les droits à congés acquis pour les arrêts de travail qui ne sont pas d'origine professionnelle. Alors que la directive européenne vise une harmonisation favorable des droits pour l'ensemble des salariés – c'est suffisamment rare pour être souligné –, vous faites le choix d'une transposition a minima, quitte à aller à l'encontre de son esprit. J'espère que les sous-amendements que nous avons déposés seront adoptés. C'est à croire que l'amélioration des droits des travailleurs vous est définitivement insupportable !

Vous comprendrez donc que nous ne votions pas ce texte. Du sort qui sera réservé à ces sous-amendements dépendra notre position finale.

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