28,6 milliards d'euros : ce sont les profits cumulés enregistrés par les cinq principales banques françaises en 2023, malgré l'inflation, l'augmentation des taux d'intérêt et les risques de ralentissement économique, avec à la clé une belle moisson de dividendes pour l'ensemble de leurs actionnaires. Ces résultats, légèrement moindres que ceux d'autres banques européennes, témoignent de l'excellence des banques françaises dans les activités d'investissement et leur expertise reconnue dans le domaine de la gestion des risques, qu'a souligné le directeur général de BNP-Paribas.
Cependant, en complément de leurs activités assez risquées, les banques doivent nécessairement consolider des rendements sûrs et réguliers. À ce petit jeu aussi, les banques commerciales françaises sont aussi très performantes, puisque l'ensemble des frais qu'elles appliquent leur rapporte plus de 6,5 milliards d'euros par an. Pas folles, elles n'hésitent pas à tirer toujours plus sur le fil : l'étude sur les tarifs bancaires au 5 janvier 2024 de l'Observatoire des tarifs bancaires relève la hausse de huit des quatorze catégories de frais figurant dans sa typologie.
Je ne répéterai pas de nouveau la litanie de ces différents frais, mais je constaterai qu'ils sont surtout appliqués aux ménages modestes et moyens. Certains d'entre eux, notamment ceux regroupés sous le libellé de « commissions d'intervention », sont particulièrement immoraux. Le site MoneyVox a montré que les frais applicables à une succession de 15 000 euros variaient, selon l'établissement considéré, de la gratuité à plus de 450 euros. Cette amplitude souligne l'absence de corrélation, dans certaines banques, entre la facturation appliquée et la réalité des services fournis. La grande opacité qui entoure le montant de ces frais à la signature des contrats bancaires, le fait qu'ils sont souvent confondus parmi d'autres frais et impôts à payer lorsqu'une succession doit être réglée et l'absence de régulation sont en cause.
Il semble donc essentiel que le législateur renforce cette régulation. Le groupe GDR – NUPES votera donc pour la proposition de notre collègue Pires Beaune, qui vise à protéger les ménages modestes et moyens de l'appétit vorace des banques qui, sans régulation, ne se privent jamais de ponctionner toujours un peu plus là où elles le peuvent.