Le 5 août 2021, la loi relative à la gestion de la crise sanitaire, portant obligation vaccinale contre la covid-19 a été promulguée dans un contexte particulier d'urgence pandémique. Aujourd'hui, fort heureusement, ce contexte n'est plus le même. Reste que la loi de 2021 demeure inchangée et son application est pour le moins problématique.
Elle est problématique d'abord dans son périmètre, qui la rend incohérente. Elle l'est ensuite dans son application à géométrie variable, plus ou moins stricte selon les régions, les établissements et les besoins, voire au cas par cas. Elle l'est enfin dans ses effets : des professionnels salariés et libéraux se sont retrouvés suspendus et privés de revenus pendant une période indéterminée, sans que soit engagée la moindre mesure disciplinaire à leur encontre, et ont été enfermés dans de véritables prisons contractuelles. Les effets délétères de la loi de 2021 se feront aussi ressentir dans le futur, puisque de nombreux jeunes ont renoncé à intégrer les formations pour certaines professions de santé, déjà sous tension. Une loi qui met les citoyens dos à dos et qui fracture encore un peu plus une société ne peut pas prospérer.
Chers collègues, il n'y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ! Aujourd'hui, ne polluons pas les débats par de vaines postures politiques. Les deux questions qui doivent guider nos échanges sont très simples : est-il opportun de maintenir la suspension ? Sur ce point, la réponse est évidemment non ; c'est d'ailleurs l'avis de la Haute Autorité de santé (HAS), qui sera suivi par le Gouvernement. Cela entraîne la seconde interrogation : pourquoi est-il nécessaire de poursuivre le parcours législatif de cette loi d'abrogation ? La réponse est simple : le décret ne fera que suspendre les suspensions, laissant donc la possibilité au Gouvernement de réactiver la loi de 2021 dans ses mêmes termes, sans tenir compte de l'expérience et des connaissances désormais acquises.
Chers collègues, la loi de 2021 a été votée par le Parlement dans l'urgence, mais son application ne répond pas aux exigences d'un État de droit. Il faut qu'aujourd'hui, en dehors de l'urgence, et par un parallélisme des formes, ce soit le Parlement qui s'empare de nouveau du sujet, ce qui ne s'oppose pas à une réintégration des soignants par décret. En effet le processus législatif est long et les professionnels suspendus ne peuvent attendre indéfiniment – nous l'entendons. Mais n'oublions pas, nous qui sommes parlementaires, notre rôle de contrôle de l'action du Gouvernement. À ce titre, les instructions préalables au décret annoncé sont inquiétantes et s'apparentent plus à une chasse aux sorcières qu'à une réelle volonté d'apaisement.
En abrogeant la loi du 5 août 2021, nous, parlementaires, ouvrirons un nouveau chapitre post-covid : celui de l'évaluation et du bilan. C'est une action indispensable pour que nous puissions, dans l'éventualité d'une future pandémie, corriger les approches et les dispositifs.