Selon vous, madame la députée, il faudrait aggraver les peines pour redonner confiance en la justice – votre amendement n° 100 en témoigne. Cela se discute, et longuement – et certainement pas de façon manichéenne. Un tel débat mérite beaucoup de nuance. Si j'avais la même conviction que vous, voyez-vous, je présenterais un projet de loi visant à doubler le quantum de toutes les peines, et je le ferais en affirmant éradiquer ainsi la délinquance. C'est un peu ce que vous suggérez régulièrement ; pardon de ne pas partager votre sentiment.
Madame Genevard, je vais procéder comme vous. Vous nous avez dit : « retenez bien ces chiffres », et vous les avez déclinés, mais retenons bien, si vous me le permettez, les situations auxquelles ils s'appliquent. La première, c'est celle d'un squatteur qui s'introduit dans un local qui n'est pas un domicile – j'insiste : qui n'est pas un domicile ! La deuxième, qui est punie d'une peine supérieure – un an de plus –, c'est celle d'un propriétaire – cela vient d'être rappelé – qui expulse un locataire, y compris s'il est de bonne foi. Lorsque vous dites que ces deux délits ont la même gravité, pardon de vous le dire mais je ne partage pas votre avis. Je pense en effet qu'il est plus grave d'aller expulser manu militari un locataire de bonne foi, sans autre forme de procès, si vous me permettez l'expression – mais elle est particulièrement adéquate –, que de s'introduire dans un garage qui n'est pas un domicile.
Voilà la raison pour laquelle je suis défavorable à votre amendement. Je sais que vous y tenez beaucoup, mais je tiens beaucoup, pour ma part, à l'équilibre que je viens de rappeler.