Intervention de Jean-Louis Bricout

Séance en hémicycle du mercredi 15 mars 2023 à 15h00
Premier amendement et protocole à la convention d'espoo — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Bricout :

Les élus du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires estiment que tout ce qui peut permettre de renforcer les coopérations transfrontalières et de contribuer à la préservation de l'environnement est bon à prendre. Le texte que nous examinons aujourd'hui s'inscrit dans cette logique. N'ayons pas peur des mots : en matière de risques environnementaux, la pollution ne connaît pas de frontière !

C'est la raison pour laquelle le renforcement de nos outils d'alerte communs, dans un dialogue continu avec nos voisins, est incontournable, à plus forte raison à l'heure où nous nous apprêtons à mener de grands projets d'installations d'infrastructures énergétiques. Je songe en particulier aux enjeux récemment soumis au débat à l'occasion de l'examen de la loi relative à l'accélération de la production d'énergies renouvelables, puis du projet de loi relatif à l'accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites nucléaires existants et au fonctionnement des installations existantes.

Venons-en aux deux textes qui nourrissent le projet de loi qui nous réunit. L'amendement de Sofia de 2001, d'abord, vise à associer les ONG aux études d'impact, ce qui constitue une vraie bonne idée : ces documents gagneront ainsi en qualité et contribueront à rendre les projets d'installation plus acceptables. Nous accueillons donc favorablement ces dispositions. Par ailleurs, l'amendement de Sofia étend la coopération au-delà des frontières de l'Europe, ce qui permettra de promouvoir les standards européens.

Le protocole additionnel de Kiev de 2003, quant à lui, tend à améliorer la participation et la consultation du public ainsi que le contenu du rapport environnemental. Si la plupart des dispositions qu'il contient existent déjà dans le droit français, le protocole permet tout de même d'enrichir le droit d'information et de participation, ce que nous saluons. Cet accord signé à Kiev, dont l'Ukraine est partie prenante, s'impose comme un symbole de ce que devraient être la coopération et les relations entre États.

Pourtant, ces avancées, dont nous nous félicitons, ne sauraient nous faire ignorer les carences des accords qui ont été trouvés. D'une part – et ce n'est pas neutre –, les textes n'entreront en vigueur que lorsqu'un nombre suffisant d'États les auront ratifiés. En conséquence, les projets déjà réalisés ne sont pas concernés par l'article 12 du protocole : aucun suivi de leurs conséquences sur l'environnement et sur la santé n'est prévu. Il paraît donc nécessaire d'étendre les obligations relatives aux dispositifs d'alerte des autorités compétentes et du public en cas d'effets négatifs imprévus.

D'autre part, la convention d'Espoo comporte, à nos yeux, un angle mort : si les installations fixes sont intégrées dans l'accord, les risques environnementaux transfrontaliers issus des flux de marchandises en sont exclus. Je songe par exemple au risque de marée noire en mer du Nord, dans la Manche ou en Méditerranée, ou encore aux risques liés au trafic fluvial sur le Rhin et les canaux du Nord. Rappelons que la représentation nationale a récemment voté un texte sur cette question.

Ainsi, les accords soumis à notre examen ne suffiront pas à eux seuls : nous devrons poursuivre la construction d'une architecture juridique à même de prévenir les risques sur l'environnement et sur la santé à l'échelle nationale, européenne, voire internationale. Parce que ces textes sont porteurs d'avancées et qu'ils esquissent un chemin vers une protection de l'environnement progressivement partagée, le groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires votera pour leur adoption.

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