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Votre proposition me met un peu mal à l'aise, monsieur le rapporteur. Je comprends bien votre argument de l'écologie des petits pas, mais lorsque vous expliquez que les SAF ne sont pas suffisants, c'est que vous estimez qu'il n'y aura jamais d'amélioration. L'industrie du secteur aérien, qui a pourtant déjà entamé des efforts, va se voir contrainte de faire d'un seul coup le saut d'une aviation classique à une aviation décarbonée, sans avoir les jets privés pour tester les évolutions. Et elle devra se passer des 30 milliards d'euros de revenus annuels des entreprises françaises du domaine pour réussir la transition écologique.
...s possible d'avoir 100 % de SAF à 30 % dans les deux ou trois prochaines années, et encore moins 100 % de SAF à 100 %. Je n'ai rien contre la R la France aurait dû accélérer en la matière depuis quelque temps déjà. Mais il est faux de dire que l'on va décarboner le secteur aérien et respecter l'accord de Paris avec du SAF à 30 %, qu'on n'est du reste pas en mesure de produire. Je comprends que l'aviation d'affaires vous fasse miroiter monts et merveilles. C'est un lobby. L'idée est plaisante, mais elle ne correspond tout simplement pas à l'état de la science. Si nous ne nous berçons pas d'illusions, si nous sommes des décideurs responsables, alertés par le Giec et chahutés par notre jeunesse – qui a bien raison de le faire – nous devons nous dire la vérité, à savoir qu'il n'est pas possible que t...
...n'a jamais déposé d'amendement de suppression d'un article, sans quoi l'argument du bazooka pourrait faire boomerang. Par ailleurs, on ne peut guère déposer d'amendements pour modifier une interdiction : soit on est d'accord, soit on ne l'est pas. Nous proposons un autre chemin, celui d'une décarbonation puissante – car, c'est vrai, on doit être plus exemplaire et plus rapide pour ce qui est de l'aviation d'affaires que dans d'autres domaines. Nous ne sommes pas là pour tuer le débat : nous débattons depuis plus d'une heure, et nous allons continuer en prenant notre temps. Simplement, nous avons une autre idéologie que la NUPES et la représentation nationale choisira entre l'une et l'autre.
Je vous invite à lire le rapport Pouvoir voler en 2050 : quelle aviation dans un monde contraint ? réalisé par le Shift Project en mars 2021 en partenariat avec le collectif Supaéro Décarbo – des gens qui souhaitent que les avions continuent de voler ! Selon ses estimations, si l'on veut rester dans l'objectif de limiter le réchauffement climatique à 2 degrés, il faudra de toute façon réduire le nombre de vols, même dans le scénario le plus ambitieux en matière de...
... pas les riches, mais l'emploi et l'industrie française. En l'occurrence, l'interdiction, à l'article 2, des « services non réguliers de transport aérien public de moins de soixante passagers concernant les liaisons aériennes au départ, à destination ou à l'intérieur du territoire métropolitain français, à l'exception des vols sanitaires et médicaux » ignore la réalité économique des clients de l'aviation privée d'affaires. Pour rejoindre une destination qui n'est pas desservie commercialement ou éviter d'emprunter plusieurs vols commerciaux et correspondances, ces derniers sont dans l'obligation de faire appel à une aviation sur mesure. Contrairement à l'esprit de la proposition de loi, il ne s'agit pas d'une alternative luxueuse pour des ultrariches. Certaines entreprises n'ont pas d'autre moyen...
Depuis 2017, beaucoup a été fait pour décarboner le secteur aérien en révisant son système fiscal et en rehaussant les attentes écologiques, notamment en matière de biocarburants. La décarbonation est indispensable, mais elle doit passer par l'innovation, non par des interdictions, car l'aviation participe au désenclavement des territoires ruraux et contribue à la vitalité économique de la France et de l'Union européenne. L'article 2 concerne les petits vols, essentiels pour les territoires ruraux peu reliés aux infrastructures ferroviaires consommatrices de foncier. Ils constituent l'un des seuls moyens pour relier nos régions entre elles, avec des temps de transport décents, sans tout ...
Il faut voir la réalité en face : un saut technologique est certes souhaitable et envisageable, mais pas réalisable durant la prochaine décennie. D'après le directeur général de l'aviation civile, qui n'est certainement pas membre du groupe Écologiste, tabler sur un carburant contenant 50 % de SAF n'est pas raisonnable : outre la difficulté de fournir la demande, les assureurs ne donneront pas leur accord, on n'a pas assez de recul. Aujourd'hui, quatre aéroports disposent de bornes pour alimenter quelques avions avec un carburant comprenant 30 % de SAF. Quant aux avions volant avec...
...duire, actuellement, des volumes suffisants de SAF pour faire voler les avions : nous n'avons pas suffisamment de matières premières, lesquelles servent aussi à manger, à se chauffer et à construire des maisons. Par conséquent, la priorité n'est peut-être pas d'utiliser des SAF dans des avions. Attention aux ordres de grandeur : les SAF, c'est bien, il faut sûrement les développer pour la part d'aviation qu'il faudra certainement conserver – il n'est pas question de tout supprimer – mais ce n'est pas une solution miracle. Pourquoi ne pas commencer par supprimer les vols les plus inutiles, qui transportent le moins de personnes et qui ont le plus fort impact carbone ?