Quand j'entends ces applaudissements, je me dis que j'ai bien fait de revenir à l'Assemblée nationale. Je vous remercie.
Vous crierez quand j'aurai parlé. Peut-être aurez-vous alors une raison de le faire !
Avant de venir, j'ai tapé les mots « gourou » et « Raoult » sur Google. J'ai obtenu davantage de réponses qu'en tapant les mots « science » et « Le Pen ».
Pendant la pandémie, il y a eu d'un côté les blouses blanches, au chevet des malades et dans les laboratoires, et, de l'autre, il y a eu Didier Raoult.
Rappelons-nous des files ininterrompues de malades devant l'institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille, en quête du précieux élixir.
L'hydroxychloroquine mal utilisée a ôté bien plus de vies qu'elle n'en a sauvé, et Didier Raoult a vendu des dizaines de milliers de livres.
Mesdames et messieurs les députés, notre pays connaîtra d'autres crises sanitaires et d'autres gourous. Certains d'entre eux parviendront à ébranler la confiance de nos concitoyens à grande échelle. D'autres attenteront peut-être à nos institutions.
Nous sommes ici pour faire la loi, pour protéger les plus fragiles, pour rappeler des évidences scientifiques. S'il est possible de débattre de toutes les idées, on ne peut s'arroger des compétences qu'on n'a pas et attenter à la sécurité et à la santé de nos concitoyens pour des bénéfices personnels.
La France, c'est le pays des Lumières, de l'excellence scientifique, de la rigueur intellectuelle.
En France, la loi doit protéger les plus fragiles et condamner tous ceux qui prospèrent sur la peur, la misère et la mort.
Les premiers ont gagné notre estime et notre respect : le second a gagné de l'argent et des disciples.
Les critères d'une dérive sectaire sont-ils ici réunis ? À tout le moins, il y a matière à débat. Nous avons assisté aux délires quasi messianiques d'un homme qui porte la blouse comme Raël porte la tunique, et dont le talent exceptionnel l'emporterait sur l'ensemble de la communauté scientifique internationale.
Combien de malades, en France, auront-ils refusé un vaccin protecteur, enfermés dans de fausses croyances en raison des propos ambigus du charlatan de la Canebière ?
Monsieur Breton, vous avez déclaré que des thérapies de conversion étaient sans doute mauvaises : je souhaiterais que ne soit pas sous-entendu, dans le cadre du débat parlementaire, qu'il en existe de bonnes. Il n'y a pas, comme les chasseurs, de bonnes et de mauvaises thérapies de conversion ;…
…ou alors, il faudrait m'expliquer la bonne manière d'expliquer à un jeune qu'il se trompe de sexualité et doit renoncer à sa façon d'aimer. Nous devons tous être clairs à ce sujet : encore une fois, que ce soit en principe ou en pratique, aucune thérapie de cet ordre n'est acceptable.
Chère collègue, la question de savoir si la médecine est un art ou une science était en effet débattue quand j'étais sur les bancs de la fac, mais elle a été tranchée depuis déjà un certain nombre d'années. Ce qu'on appelle l'Evidence-Based Medecine (EBM), la médecine fondée sur des preuves, s'appuie sur des données statistiques obtenues à partir d'observations faites sur des milliers, voire des millions de patients, et sur des recherches thérapeutiques en vie réelle pour vérifier si elle doit ou non évoluer. Il ne s'agit pas d'une médecine d'État, mais bien d'une médecine scientifique. Parfois, la médecine se plante et son histoire est aussi faite ...
Nul n'est infaillible, mais la science médicale a l'avantage de reposer sur des arguments rationnels et non sur des intuitions, voire des lubies. Au contraire, l'histoire de la médecine dégradée est celle d'individus dotés d'un ego important et animés d'une lubie, qui se sont sentis tout-puissants – je ne parle pas seulement des exemples actuels – et ont causé pour le moins des désagréments, voire de véritables carnages dans certains pays. Madame la députée, il existe une très belle loi, celle du 4 mars 2002, relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, qui autorise les patients à refuser un traitement et qui oblige le praticien ...
L'idéologie transhumaniste qui se développe outre-Atlantique est portée par des magnats américains, au premier rang desquels figure Elon Musk. Celui-ci multiplie les prophéties en ce moment, en nous expliquant qu'après avoir augmenté l'intelligence artificielle et à l'heure où l'on parle d'intelligence artificielle générale – la forme la plus aboutie d'IA –, l'homme devrait donc être « augmenté » pour demeurer compétitif. Des centaines de milliards de dollars sont ainsi investis dans la recherche. Vous avez évoqué les chaînes de valeur. Je ne crois pas que l'Europe participe à cette course à l'augmentation de l'homme et je m'en réjouis. Néanmoins, ...