Je vous alerte, chers collègues : augmenter la présence des forces de l'ordre sur la voie publique sans changer de doctrine reviendra à augmenter mécaniquement le nombre d'interpellations, donc le nombre d'affaires à traiter dans les commissariats. Or ceux-ci sont engorgés par les affaires courantes et les plaintes, qui sont de moins en moins traitées, comme le relève la Cour des comptes dans son rapport à ce sujet.
Nous l'avons constaté dans le passé : les politiques qui visaient à mettre davantage d'agents sur la voie publique – Nicolas Sarkozy s'en était fait le chantre – ont conduit à un engorgement des services et à une diminution de la satisfaction des citoyennes et des citoyens quant au traitement de leurs plaintes. À Beauvais, où je me suis rendu la semaine dernière, on est passé de 17 000 à 10 000 affaires en stock, après une revue de dossiers qui a permis de classer sans suite ceux qui traînaient sur les étagères depuis cinq ou six ans. Veut-on reproduire ce cas de figure ? Je ne suis pas sûr que l'on prenne la bonne direction en mettant plus de bleu sur le terrain tout en gardant la même doctrine.