Je souscris à l'analyse que vient de faire Mme Faucillon du rôle assigné à la police par les gouvernements récents de faire accepter un libéralisme économique auquel l'adhésion spontanée n'est plus acquise. Gérald Darmanin lui-même disait d'ailleurs hier que le premier objectif de la police était, si je ne me trompe, de régler les crises démocratiques – c'est-à-dire, schématiquement, de réprimer les gens qui manifestent contre la politique du Gouvernement – et qu'elle devait être mieux équipée et mieux préparée pour cela.
Au début du mandat précédent, un certain nombre d'entre vous pensiez tout de même que l'idée d'une police de proximité n'était pas si aberrante, et Gérard Collomb annonçait alors une « police de sécurité du quotidien » – il fallait bien trouver un nom qui ressemble à celui de « police de proximité » tout en s'en différenciant, comme si la police de proximité était le diable. La doctrine était curieuse puisqu'il s'agissait de demander aux policiers de terrain et à leurs chefs locaux d'être plus proches de la population et de se débrouiller pour y parvenir – ce qui laissait une totale liberté d'appréciation dans la mise en œuvre de cette police de sécurité du quotidien. On nous avait même promis d'y associer des universités et de mobiliser des chercheurs ! Qui se souvient encore de la police de sécurité du quotidien ? D'ailleurs, qu'est-elle devenue ? Un bilan en a-t-il été tiré, comme le proposait le ministre de l'intérieur ? Non. Dommage. Et aujourd'hui, vous vous apprêtez à tracer une feuille de route évoquant une police de sécurité du quotidien augmentée, robotisée, automatisée.