Nous avons des visions différentes, mais nous partageons au moins la volonté, l'aspiration républicaine à améliorer la sécurité de nos concitoyennes et de nos concitoyens. Cela passe par le soutien et la transformation de l'organisation de nos forces de l'ordre et de sécurité civile. C'est après tout le devoir de l'État que de pourvoir à la sécurité de chacun, de façon égale et dans tous les territoires, et donc d'assurer un service, au service du public.
Vous avez dit, dans votre propos liminaire, que vous entamiez ce travail avec nous dans un esprit d'ouverture. Je vous prends au mot et je m'en réjouis, cela d'autant plus que, jusqu'à présent, ouverture et dialogue figurent surtout dans vos déclarations. Vous avez en effet refusé ici, à plusieurs reprises, tout dialogue concret avec les oppositions. Des différences entre les discours et les actes peuvent certes exister, mais quand ils divergent à ce point, elles abîment aussi bien notre fonction que notre mission.
Ce refus s'est jusqu'à présent traduit par du mépris, dans cette commission et dans l'hémicycle, notamment en opposant les gauches et les écologistes, en choisissant entre les uns et les autres selon qu'ils sont, selon vous, de bons ou de mauvais élèves. Un mépris pour ce que sont globalement les écologistes, pour leurs valeurs et leur combat.
Il y a quelques jours, lors des événements de Sainte-Soline, vous n'avez ainsi pas hésité à assimiler tous les écologistes à des terroristes. Une assimilation dangereuse, car vous savez que le terrorisme, ce n'est pas ce que nous incarnons. Comme preuve de ce danger, il y a les outrances que mon collègue Ciotti vient de prononcer à l'instant à notre endroit. Il n'est pas normal que de tels propos puissent se tenir au sein de nos institutions.
Alors que des élus de la République, des représentants du peuple se sont fait molester, sur ordre et dans l'exercice de leur fonction, par des forces de l'ordre, vous n'avez pas eu, ni vous monsieur le ministre, ni mes collègues, un seul mot pour Lisa Belluco et Benoît Biteau.
Mais parce qu'il est important de renforcer notre sécurité et de réorganiser police et gendarmerie, je laisserai là mes questionnements. Je vous invite, et je nous invite, à ne pas nous perdre dans des invectives personnelles et à avancer sur le fond. Je mise donc sur vos propos et sur la volonté de dialogue affichée que, monsieur le rapporteur et monsieur le président, vous saurez mettre en œuvre. Il serait dommage que nous nous braquions collectivement au moment où des textes importants pour la France se profilent et alors que les 49.3 commencent à se raréfier.
Cette Lopmi nous propose donc d'améliorer les conditions de travail et d'organisation de nos forces de l'ordre, et nous partageons cet objectif. Mais notre attention se porte en premier lieu sur l'efficacité réelle du service au public, et c'est là que le bât blesse. Vous nous dites qu'il est nécessaire de rapprocher les forces de l'ordre et la population, de renforcer les liens, la confiance et le dialogue : nous sommes d'accord. J'ai du mal alors à saisir en quoi le fait de déployer des robots ou des exosquelettes pourra rassurer la population, rapprocher et créer du dialogue. Je vous rappelle que l'objectif, c'est l'efficacité.
Vous voulez également une police qui aille mieux, qui travaille mieux. Mais j'ai du mal à comprendre comment on pourrait atteindre cet objectif en minorant le travail d'enquête sur le terrain. Après les manifs des flics en colère, après la colère froide de la PJ, je crois que ce n'est décemment pas la bonne chose à faire.
Enfin, vous préconisez le recours aux AFD pour que les agents cessent de perdre du temps. Comme mes collègues ont commencé à vous le dire, réduire le rôle de la justice n'est jamais une avancée. Cela traduit une forme de « managerisation » de notre organisation, qui affaiblit le terrain et renforce les élites. Je ne pense pas que ce soit votre dessein, mais c'est la réalité.
Un service au service du public, c'est ce que nous défendrons. J'espère que nous nous retrouverons sur ce combat, monsieur le ministre.