Nous avons auditionné les acteurs de la filière il y a quelques semaines et je vais vous restituer rapidement ce qui nous a été dit. Nous avons évoqué le sujet de la jaunisse de la betterave. Le président de la Confédération générale des planteurs de betterave (CGB) a déclaré : « La filière aurait dû travailler, faire des efforts et investir davantage dans la recherche et le développement. Or nous l'avons fait, en contrepartie de la dérogation à l'interdiction d'utilisation des néonicotinoïdes accordée par la loi du 14 décembre 2020 relative aux conditions de mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques en cas de danger sanitaire pour les betteraves sucrières, portée par Julien Denormandie. Dans le cadre du Plan national de recherche et d'innovation (PNRI), nous avons fait travailler la recherche publique et privée, notamment l'INRAE. Trois ans plus tard, nous sommes toujours sans solution. Entre les prises de parole de certains et la réalité du terrain, il y a un décalage total. »
Plus tard au cours de l'entretien, j'ai interrogé le président de la CGB : « Quels moyens les entreprises privées de la filière et les grands groupes de l'industrie chimique consacrent-ils à la recherche ? Selon vous, l'effort est-il suffisant ? On parle souvent de l'INRAE, mais on peut penser que le secteur privé doit aussi y contribuer. » Le président a répondu : « L'INRAE n'a pas travaillé sur la jaunisse avant la crise de 2020. Mon intention n'est pas de le critiquer, mais j'ai besoin de recherches qui m'apportent des solutions concrètes pour ma ferme, parce que je suis d'abord un agriculteur. Il est maintenant très impliqué dans le PNRI, aux côtés de l'Institut technique de la betterave (ITB), et des appels à projets ont été lancés pour trouver des solutions en partenariat avec les entreprises, notamment les start-up […]. » J'ai volontairement abordé ce sujet car j'entends ces critiques depuis plusieurs années, sur la betterave notamment. Nombre d'acteurs de cette filière estiment que l'INRAE n'a pas suffisamment travaillé ni anticipé le sujet de la jaunisse. Que répondez-vous à ces critiques ?
Il est souvent dit que l'INRAE est déconnecté des besoins réels des agriculteurs. Je ne partage pas cet avis, mais la critique est récurrente. En particulier, sur le sujet de la jaunisse, de nombreux agriculteurs de la filière sucrière estiment que l'INRAE n'est pas à la hauteur des attentes.