J'aimerais que nous discutions de cette perte de souveraineté alimentaire que vous évoquiez tous les deux. Ce constat a été contredit par des scientifiques et des chercheurs que nous avons auditionnés. Lors de la première et dans une moindre mesure de la deuxième semaine de nos travaux, nous avons auditionné des économistes et des agronomes. Tous ne partageaient d'ailleurs pas la même vision de l'agriculture, l'approche de certains étant plutôt productiviste tandis que d'autres s'intéressaient plutôt à la transition agro-écologique. Ces personnalités nous ont affirmé sous serment que la question d'actualité n'était pas celle de la souveraineté alimentaire. Elles considéraient que la souveraineté alimentaire de l'Europe était garantie, de même que pour la France. Nous voyons d'ailleurs, à travers les statistiques de FranceAgriMer, que nous sommes très proches de l'autosuffisance, voire très largement excédentaires pour un grand nombre de productions agricoles. Je pense notamment aux céréales ou au sucre. Quant aux produits agricoles pour lesquels nous ne sommes pas autosuffisants en France, le marché européen nous permet de couvrir notre dépendance. Et d'ailleurs il s'agit le plus souvent d'une situation de dépendance consentie. J'aimerais avoir votre opinion à ce sujet. Pour ma part, j'ai le sentiment que les problèmes particuliers rencontrés par certaines filières sont extrapolés à l'échelle globale. Les scientifiques que nous avons interrogés ont cité d'autres problématiques telles que la saturation des filières, certaines dépendances, les revenus, la transmission aux nouvelles générations, etc.