La situation est un immense gâchis. Dès le début de l'examen du projet de loi constitutionnelle, les oppositions, en particulier les membres des groupes Écologiste, vous ont mis en garde sur le risque d'explosion qu'entraînait ce que beaucoup considèrent comme un passage en force. Il y a quelques jours, ma collègue Sabrina Sebaihi vous a proposé une mission de médiation. Vous lui avez ri au nez et balayé sa suggestion d'un revers de main. Six morts plus tard, civils et gendarmes – je pense à eux et à leurs familles –, vous n'avez plus que la mission de concertation à la bouche. Que de temps perdu ! Que de familles endeuillées !
Aujourd'hui, le Président lui-même part pour se rendre sur place, et vous l'accompagnez. Il va lui-même faire le pompier, ou le pyromane – difficile de le savoir. Pour qu'un dialogue soit possible, il eût fallu que le Gouvernement assume sa neutralité, donc qu'il ne prenne pas parti. Or nommer Mme Backès, par exemple, vous disqualifie d'emblée pour dialoguer.
Lorsque Sabrina Sebaihi vous a interrogé sur le corps électoral, vous lui avez répondu que les Kanaks étaient majoritaires parmi les natifs, pour justifier votre refus d'en discuter. C'est-à-dire que vous avez assumé publiquement, dans l'hémicycle, de favoriser les loyalistes, au détriment des indépendantistes. Rien n'est pire que de jouer les Cassandre : tous, nous aimerions avoir tort. Mais ce n'est pas le cas. Je vous le demande : quand retirerez-vous ce texte, dont il était très prévisible qu'il mettrait le feu à la Nouvelle-Calédonie, pour accélérer la désescalade et aller enfin vers une paix durable ?