La baisse du nombre d'exploitants justifie pour beaucoup que l'on parle de désagriculturation, sans vraiment en expliquer les raisons profondes d'ailleurs, liées à des évolutions sociétales et à des gains de productivité. On peut aussi se référer à deux autres indicateurs : la part de l'agriculture dans le produit intérieur brut (PIB) et la balance agroalimentaire.
C'est le premier indicateur qui est utilisé pour expliquer la désindustralisation française, bien réelle. En revanche, les chiffres de la Banque mondiale sur l'agriculture sont assez contre-intuitifs. Sa part dans le PIB français en 1995 était de 2,4 %. En 2007, elle était de 1,6 %, avant d'atteindre un creux à 1,3 % en 2009, pour remonter jusqu'à 1,9 % en 2022. On considère les mandats de Jacques Chirac comme l'âge d'or de l'agriculture française, alors même que la part de celle-ci dans le PIB chutait.
Le deuxième indicateur, c'est la balance agroalimentaire de la France. D'après les données de l'Insee, en 2000, il y avait 7,2 % d'excédent agroalimentaire. Depuis une vingtaine d'années, les chiffres du solde agroalimentaire tournent autour de 6 ou 7 milliards d'euros, avec un nouveau creux en 2009. Un pic est atteint en 2021 à 7,9 milliards. La balance agroalimentaire reste positive, globalement dans les mêmes ordres de grandeur au cours des années.
L'utilisation du terme de désagriculturation peut donc sembler étonnante au vu de ces chiffres.