Je n'aime pas les témoignages personnels, mais je ferai une exception : j'ai passé cinq ans dans l'enseignement professionnel et je peux vous dire qu'il y a des innovations non seulement sur le plan socioculturel, avec l'ouverture qu'il apporte, mais aussi grâce aux liens permanents avec le monde de l'entreprise, qui est intégré à l'établissement. Ces formations sont même le prototype du campus des métiers qui avait été esquissé pour l'ensemble de l'enseignement professionnel.
Pourtant – sur ce point je rejoins les arguments de Loïc Prud'homme et j'apporte mon soutien au ministre, qui fait preuve de prudence –, sans doute n'aimerions-nous pas, Charles de Courson, que les lycées professionnels soient gérés par la CGT et d'autres n'apprécieraient pas qu'ils le soient par le Medef. Il y a une autonomie éducative, même s'il est tout à fait normal que les établissements nouent des partenariats avec le monde de l'entreprise et les branches professionnelles.
Inscrire l'association des branches professionnelles dans la loi reviendrait à imposer à l'enseignement agricole une forme de diktat idéologique, qui menacerait la capacité créative et l'autonomie inhérentes à son écosystème. J'en suis issu, comme de nombreux collègues : c'est un enseignement d'excellence, qui repose sur la transmission des humanités et leur incarnation dans les sciences du vivant. Protégeons-le de toutes les pressions politiciennes pour lui conserver sa noblesse éthique.