« On ne contracte pas ! » ; « […] je n'appartiens plus à l'entreprise République française présidence. Bah oui, c'est une société depuis 1947. Et vous, vous êtes aussi enregistrés à la secte Washington D.C., sous un numéro […], ce qui fait de vous des mercenaires sur le sol français. » S'ils prêtent à sourire, ces propos lunaires, adressés à des gendarmes, le week-end dernier, dans le cadre d'un contrôle routier, et largement relayés par les réseaux sociaux, n'en sont pas moins particulièrement inquiétants, puisque le mouvement né aux États-Unis qui les a inspirés, celui des « êtres souverains », est dans le viseur de la Miviludes, que je remercie d'ailleurs de son action. Dans son dernier rapport d'activité, daté de 2021 – j'espère que le prochain arrivera bientôt –, celle-ci précisait : « La notion d'''être souverain'' renvoie à une émancipation des citoyens vis-à-vis des États considérés comme illégitimes, autoritaires et non démocratiques. Le mouvement prônerait la ''désobéissance civique'' au travers de discours extrêmement virulents et empreints d'un fort mysticisme. »
Le développement massif des dérives sectaires en ligne n'est plus à prouver : en témoignent les faits dont je viens de parler mais aussi, ce week-end, la publication de vidéos de l'une de mes interventions par le gourou Thierry Casasnovas, qui, fort d'un petit million d'abonnés sur YouTube, et sous couvert de spiritualisme new age, a fait des extracteurs de jus de carotte un business juteux – si j'ose dire – et une source de revenus non négligeable en vantant les bienfaits du jeûne, tenant des propos complotistes à l'encontre des vaccins et incitant à l'arrêt des traitements médicaux, notamment ceux destinés à lutter contre le cancer. La liste des affirmations dangereuses de tels influenceurs n'est malheureusement que trop longue.
Mais les pratiques sectaires sur les réseaux sociaux sont diverses : d'autres influenceurs inquiétants ont même été invités par notre assemblée, par exemple Ophenya – 5 millions d'abonnés sur TikTok –, dont on me signale régulièrement l'emprise qu'elle exerce sur sa communauté d'abonnés très jeunes, souvent collégiennes ou collégiens, les BGnya, qui peuvent adopter des comportements dévastateurs pour l'estime et la confiance en soi : cadeaux sur TikTok, présence compulsive, du petit-déjeuner à la soirée, sur les réseaux où ils peuvent suivre l'influenceuse, sentiment d'appartenance exacerbé, effet de meute à l'encontre de ceux d'entre eux qui quitteraient la communauté – bref, un cocktail explosif. Cela n'a pas empêché le Gouvernement de voir en Ophenya une figure de la lutte contre le harcèlement scolaire. Beaucoup de travail reste à faire, en particulier concernant notre sensibilisation collective.