La présente proposition de loi prétend lutter contre les ingérences étrangères. La cause semble noble et consensuelle. Si l'on s'en tenait au titre, il serait difficile de s'y opposer. Mais c'est un texte scélérat car, au prétexte de la lutte contre les ingérences étrangères, il vise à aggraver la surveillance généralisée et la destruction méthodique des libertés publiques et individuelles.
Vous prétendez tirer les conséquences des travaux de la commission d'enquête sur les ingérences étrangères, et du rapport annuel de la délégation parlementaire au renseignement. Ce dernier est d'ailleurs très instructif quant à l'idéologie dans laquelle vous vous inscrivez. Permettez-moi de le citer : « Nous sommes brutalement passés d'un monde de compétition à un monde de confrontation entre d'un côté des régimes autoritaires et de l'autre des démocraties occidentales, dont le leadership est contesté et que l'on veut faire passer en perte de vitesse. Ce clivage entre l'Occident et le reste du monde s'impose comme le marqueur dominant de la période actuelle. »
Vous vous placez d'emblée dans une analyse erronée et simpliste qui vous conduit à proposer une loi inefficace et dangereuse. C'est « Oui-Oui fait de la géopolitique », car votre vision d'un monde binaire est consternante. Opposer les démocraties occidentales aux régimes autoritaires – sûrement orientaux ? –, c'est faire preuve d'une naïveté qui serait touchante si elle n'était à ce point contraire aux intérêts de notre nation. Êtes-vous capables de définir ce qu'est une démocratie occidentale ? Incluez-vous dans cette notion le Japon ? L'Australie ? L'Inde ? Le Brésil ? L'Afrique du Sud ? Ces pays sont à coup sûr des démocraties, mais feraient des Occidentaux peu convaincants…