Vous me pardonnerez ce jeu de mots facile, mais cette proposition de loi me semble légèrement tirée par les cheveux : je ne la crois ni nécessaire, ni appropriée, pour plusieurs raisons.
La première, c'est qu'une fois encore, nous importons un débat propre aux États-Unis. S'il semble effectivement que la coupe de cheveux soit un enjeu politique outre-Atlantique, aucune étude n'atteste qu'en France les cheveux peuvent avoir une influence sur l'évolution d'une carrière. Le point de vue d'un sociologue de l'Observatoire des discriminations à la Sorbonne ne saurait suffire à affirmer qu'une telle discrimination existe en France ; il s'agit au mieux d'une hypothèse.
La seconde raison est simple : notre arsenal législatif permet déjà de réprimer les discriminations. On compte d'ailleurs vingt-cinq motifs de discrimination, comme l'âge, le sexe, l'état de santé, l'accent et, évidemment, l'apparence physique, ce qui inclut de facto la coiffure. Dès lors, pourquoi ajouter à cette litanie de discriminations la coupe, la couleur, la longueur où la texture des cheveux ? Sincèrement, je ne comprends pas l'utilité de cette mesure, d'autant qu'il sera extrêmement difficile de prouver qu'une personne a été discriminée pour un tel motif.
Enfin, et même si je ne remets évidemment pas en question la volonté de bien faire de notre collègue Olivier Serva, je crois qu'il se trompe de véhicule législatif. Pour moi, cette mesure n'est pas du domaine de la loi, mais relève du règlement intérieur des entreprises. Étant donné que nul n'est obligé de travailler pour une compagnie qui affiche clairement ses exigences et que celles-ci s'appliquent à tous, j'ai du mal à saisir où se trouve la discrimination. Vous l'avez compris, je ne suis pas vraiment convaincue par ce texte et, vu l'incompréhension qu'il suscite chez nos concitoyens, je crois que je ne suis pas la seule. Beaucoup se demandent si nous n'avons pas des sujets plus urgents à traiter.