Ainsi, prévoir l'abaissement du reste à charge minimal à 10 % sans le rendre obligatoire ni le flécher revient à ne pas vraiment traiter le problème. Certains veulent absolument un vote conforme dès aujourd'hui, mais pourquoi donc ? À quoi serviraient alors la navette parlementaire et le Parlement lui-même ? Non, l'argument n'est pas sérieux.
Ce qu'il faut, c'est agir vite et agir bien. Deux choix s'offrent à nous : soit nous votons pour nous dépêcher, ce qui implique de prémâcher le travail de chacun en rendant automatique la procédure du passage à 10 % ; soit nous laissons la procédure à la discrétion du préfet, auquel cas nous devons encadrer ses décisions.
Voter la loi en l'état reviendrait à entériner son manque d'effectivité, car le préfet pourrait ne pas appliquer l'exonération de 90 %, sans même avoir à le justifier. En revanche, si nous prenons nos responsabilités de députés, nous pouvons guider l'action du préfet pour garantir aux collectivités qu'elles pourront bénéficier automatiquement du dispositif.
C'est l'objet des amendements que nous avons déposés de nouveau en séance, après leur rejet en commission : si l'exemption complète de participation minimale ou sa baisse automatique à 5 % ne sont pas acceptées, il faudra nécessairement que nous encadrions la décision du préfet. Pour ce faire, nous proposons d'introduire des critères comme la taille et la capacité fiscale des communes, afin de mieux flécher l'exonération vers les petites communes les plus pauvres.
Nous proposons également de cibler davantage les établissements situés en zone REP (réseau d'éducation prioritaire) et REP+ (réseau d'éducation prioritaire renforcé), qui sont souvent les quartiers dans lesquels le manque d'investissement des pouvoirs publics est le plus important.