Danser, « danser avec ses chaînes ». C'est ainsi que Nietzsche expliquait une certaine idée de la liberté, celle qui consiste à jouer avec les conventions. Ils ont été nombreux à danser, à danser avec les chaînes que la société leur avait attachées, à transgresser ces lois injustes, pour vivre et, parfois, survivre. Ils ont dansé et, pour certains, le monde s'est arrêté. Comme l'expliquait Bernard Bousset, ultime condamné au nom de ces lois du siècle dernier, à l'amende s'ajoutait la publication de la sentence dans le journal local. C'était comme une double peine, infamante et humiliante.
Beaucoup de ces hommes n'ont jamais revendiqué le statut de victime, car être victime, c'est ajouter un boulet aux chaînes lorsqu'à 20 ans, on s'élance dans la vie avec une telle condamnation, réservée aux homosexuels. Certes, la loi d'amnistie a effacé – et c'est heureux – ces condamnations des casiers judiciaires, comme s'efface sur la joue la marque d'une gifle. Reste l'humiliation, la honte ; comme le dit encore Bernard Bousset, « les fantômes sont toujours là ».
Ce soir, nous allons réparer ce que notre nation a commis, sans chercher à instrumentaliser la douleur des intéressés, en regardant la société d'hier – et ce n'est pas simple – avec nos yeux d'aujourd'hui et en nous disant que nous allons tous ensemble unir, réunir, réconcilier, peut-être même réconforter. Le Rassemblement national apportera son soutien à ce travail de concorde.
Ainsi, nous mettrons nos pas dans ceux de certains politiques qui nous ont précédés. Je pense à une personne que vous avez oublié de citer, les uns et les autres : l'ancienne ministre giscardienne Monique Pelletier, laquelle fera abroger en 1980 – avant la gauche ! – l'amendement Mirguet, qui aggravait la législation envers les homosexuels.