Ils ne sont probablement qu'une centaine à être encore en vie et à pouvoir prétendre à cette réparation. Mais ce que défend ce texte, ce n'est pas seulement la réparation pour ceux qui restent, c'est aussi la reconnaissance de nos dérives passées. Nous ne pouvons pas réparer les morts, nous ne pouvons pas effacer la honte, nous ne pourrons pas changer les oppressions subies mais nous pouvons au moins réhabiliter leurs vies. Surtout, nous pouvons montrer aux jeunes, à celles et ceux qui se construisent aujourd'hui, que demain sera meilleur qu'hier. Lesbiennes, gays, bi, trans : la France vous aime et sait reconnaître ses erreurs.
En tant que députée du Bas-Rhin, je me dois de rappeler que l'Alsace et la Moselle, parce qu'elles ont été allemandes, sont oubliées dans ce texte. Les victimes n'ont ainsi pas pu prétendre à des réparations de l'Allemagne et ne pourront en obtenir de la France. C'est pourquoi je voudrais donner la parole à deux d'entre elles.
M. Schwab, l'un des derniers survivants des « triangles roses », rappelait depuis Mulhouse que « les nazis considéraient l'homosexualité comme une épidémie dangereuse pour la perpétuation de la race. » Aguerri au pire, il mettait en garde nos contemporains en ajoutant : « ce qui est effrayant, c'est que c'est exactement ce type d'argumentation que certains homophobes utilisent de nos jours, y compris des élus. »
Pierre Seel, un autre Alsacien dont le combat a permis de faire avancer ces luttes, dont la parole perdure, abonde dans le même sens. Je le cite :« Il faut faire très attention aux homophobes. C'est notre devoir. Aujourd'hui, nous avons la liberté, au niveau du sexe et de la parole, d'être ce que nous sommes. Mais il faut toujours faire attention, il y a des nostalgiques qui voudraient rouvrir les camps. Le respect, c'est tout ce que l'on demande. Alors que je voyage un peu partout en Europe, en France c'est quelque chose d'inhabituel. Peut-être du fait d'une certaine ignorance. Par exemple, le triangle noir réservé aux lesbiennes fut longtemps ignoré. »