Dès lors, nous nous inquiétons de votre volonté, exprimée comme telle dans la présente proposition de résolution, de « combattre la propagation de discours clivants ». Est-ce vous qui allez définir ce qui est clivant et ce qui ne l'est pas ? Drôle de conception de la démocratie !
En fait, ce qui se cache derrière cette distribution de bons et de mauvais points, c'est la tentation du moralisme. L'hebdomadaire Le 1 titrait d'ailleurs la semaine dernière : « Qui écoute encore la France ? » Et dans l'interview qu'il y donnait, l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin dénonçait ce moralisme en regrettant que nous ayons perdu « l'équilibre entre le souci de défendre nos valeurs et celui de prendre en compte la réalité avec lucidité, pour éviter les actes purement déclaratifs, qui finissent par nous aliéner beaucoup d'acteurs dont nous avons par ailleurs besoin ».
En plus de ce moralisme prétentieux, il y critiquait ce qu'il appelle le démocratisme par ces mots : « Nous défendons, bien sûr à juste titre, une certaine idée de la démocratie. Mais, ce faisant, nous ne prenons pas suffisamment en compte la multiplication des entorses faites dans nos propres pays. Notre vision, perçue comme idéologique, a du mal à convaincre toute une partie du monde, qui se trouve être aujourd'hui majoritaire. » Dans ce domaine, la France n'a de leçons à donner à personne, tant les atteintes aux libertés s'y sont multipliées depuis quelques années.
Enfin, l'examen de cette proposition de résolution nous amène à nous interroger sur l'affaiblissement de notre diplomatie. Comme le disait encore Dominique de Villepin,…