En Isère, dans les Deux-Sèvres, dans la Vienne, en Vendée, il leur suffit de valider un maximum de retenues d'eau et ils empochent le pactole.
Je vous propose un détour par le pays qui, en Europe, est le champion des mégabassines. Imaginez un désert immense. Sur cette étendue de sable brûlant, la seule végétation est constitués de petits arbustes poussant au ras du sol. Nous sommes dans le désert des Bardenas en Aragon. Soudain, apparaissent d'immenses champs verts, parfaitement dessinés au milieu du paysage. Ce n'est pas un mirage, ni, évidemment, l'œuvre de la nature. Ici, l'homme tente de transformer le vide désertique en une région agricole prospère.
Pour rendre cela possible, des fleuves entiers ont été détournés ; les eaux des Pyrénées et de l'Èbre ont été canalisées ; d'immenses ouvrages ont accompagné cette tentative de domestication : des centaines de kilomètres de canaux, des réserves immenses, des barrages, des pompages ; et partout autour dans le pays, le chaos. En Andalousie, les agriculteurs n'ont déjà plus d'eau ; les réserves ne permettent plus de tenir un été entier. À Malaga, pour faire des économies, on coupe par intermittence la distribution d'eau à 100 000 habitants. En Catalogne, 7 millions d'habitants sont dans cette situation. Depuis la sécheresse historique d'avril, 3,5 millions d'hectares de terres agricoles sont devenus définitivement inexploitables, car désertiques : c'est 330 fois la taille de Paris.
Ce drame, c'est celui d'un pays voisin, qui n'a pas pris conscience à temps des conséquences du changement climatique et qui s'est massivement engagé dans une impasse : l'impasse dans laquelle vous voulez nous emmener aujourd'hui.