Tout d'abord, nous partageons tous l'émotion exprimée par le rapporteur, puis par différents orateurs, à propos de la situation absolument insupportable vécue par des millions des Français qui doivent aujourd'hui arbitrer entre l'alimentation, le soin et le logement. Il faut le dire, c'est une véritable honte pour notre pays. Avant de développer nos idées à propos de cette proposition de loi, nous devons donc –– et c'est bien le minimum – rendre hommage au courage des Français confrontés à la pauvreté et de tous ceux qui s'engagent à leurs côtés, notamment les associations caritatives, qui sont mobilisées sur le front et se retrouvent aujourd'hui en grande difficulté face à l'accroissement de la demande.
Notre compassion, notre hommage au courage et à la charité ne doivent cependant en aucun cas nous distraire de notre exigence absolue de justice. Nos efforts en la matière doivent porter sur les allocations et le soutien de l'État-providence, mais ils passent aussi par une action sur les mécanismes de l'économie afin que nous puissions traiter de manière préventive les causes profondes qui mènent à l'inflation, cette injustice majeure.
Les efforts en matière de régulation des prix des produits agricoles et alimentaires ont été engagés dès 2016 avec la loi Sapin 2 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique, puis avec les lois Egalim 1 – en 2018 – et Egalim 2 – en 2021 –, la loi dite Descrozaille en mars 2023 ainsi que, plus récemment, une initiative de Bruno Le Maire que je ne commenterai pas et qui vise à avancer d'un mois les négociations commerciales.
Le sixième texte sur cette question est donc la proposition de loi, stimulante sur le plan intellectuel, signée par Manuel Bompard dans le cadre de la niche de son groupe La France insoumise. Je refuse que nous l'écartions d'emblée en nous drapant dans une posture idéologique. Le groupe Socialistes la regarde avec bienveillance et s'apprête à l'amender, dans le respect des principes qui l'animent et que je vais vous rappeler maintenant.
Tout d'abord, l'amélioration du pouvoir d'achat des Français ne peut se faire au détriment de notre appareil productif, sinon nous laisserions libre cours à toutes les chinoiseries – si j'ose dire – qui envahissent notre pays.