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Intervention de Bruno Fuchs

Séance en hémicycle du mardi 21 novembre 2023 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative aux partenariats renouvelés entre la france et les pays africains

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBruno Fuchs :

…c'est qu'ils veulent que la France agisse autrement. C'est là-dessus que nous devrons réfléchir et concentrer nos efforts.

Depuis 2017, sous l'impulsion du président Macron, beaucoup a été fait. À la suite du discours de Ouagadougou, nous avons entrepris un travail sur la mémoire, doublé le montant de notre aide au développement, engagé un processus de restitution d'œuvres d'art, démarré la transformation du franc CFA – même si elle est encore inachevée.

En clair, nous déployons depuis longtemps un grand nombre de politiques publiques performantes et exemplaires ; c'est l'un des axes forts de notre relation avec les Afrique. Nous nourrissons de longue date une tradition d'engagement solidaire, pour l'accès à la santé, la conservation de la biodiversité ou encore la lutte contre le changement climatique. Notre engagement est également remarquable en faveur de l'entrepreneuriat, de la formation ou de l'égalité des chances.

Dès lors, l'image actuelle de la France, mise en regard de toutes ces politiques publiques, peut susciter une sorte d'injustice et de frustration. Tous nos efforts semblent en effet masqués par des attitudes et des pratiques héritées du passé. Tant que nous n'aurons pas éradiqué ces irritants, ces « chiffons rouges » – pour reprendre l'expression du professeur Achille Mbembe –, il nous sera impossible de démarrer un nouveau cycle fécond avec nos partenaires africains. C'est dans cette optique que nous devons nous livrer avec lucidité, sans tabou ni complaisance, à notre introspection.

Première idée : nous n'avons pas vu, ou pas voulu voir, l'Afrique évoluer. Or elle n'est plus celle qu'elle était il y a dix, vingt ou trente ans, ne serait-ce qu'en raison de sa démographie. En 2050, l'Afrique abritera près de 2,4 milliards d'habitants et ils seront plus de 4 milliards en 2100 ! En cent ans, entre 1960 et 2060, la population du Niger sera passée de 3 à 70 millions d'habitants.

Le continent africain, très jeune, est devenu une terre attractive, de forte compétition. La Chine y a injecté 150 milliards de dollars sous forme de dons en vingt ans. Elle est désormais le premier partenaire commercial de l'Afrique, avec 27 % de ses parts de marché. L'Inde compte près de 2,7 millions de ressortissants en Afrique. L'Allemagne est parvenue à pénétrer le marché africain à un niveau similaire à celui de la France.

Nous devons mieux comprendre cette nouvelle donne et nous y adapter d'urgence. Le Président de la République le disait en 2017, « ce changement profond qui consiste à revoir, à révolutionner toute notre façon de penser est indispensable ».

Deuxième idée : nous devons nous défaire des irritants qui ont progressivement altéré notre relation. Nos attitudes – celles de tous les Français en général, pas spécialement celles de la classe politique – ont pu être jugées paternalistes, voire condescendantes : les Africains ne les supportent plus. Nous devrons solder définitivement notre passé colonial et achever la réforme du franc CFA entreprise en 2019…

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