Monsieur le ministre, je me suis rendu ce matin à Dunkerque pour observer et tenter de comprendre votre politique migratoire. Arrivé aux abords du camp de Loon-Plage, je m'en suis vu refuser l'accès par le commissaire de police. Il m'a été demandé de me tenir éloigné du périmètre d'une opération de « mise à l'abri » qui n'a visiblement pas rencontré de succès puisqu'une seule personne est montée dans le bus de cinquante places affrété pour l'occasion.
En revanche, j'ai vu des dizaines de familles partir, résignées, épuisées, leurs bagages sur le dos, leurs enfants à la main, pour s'installer dans un champ de terre humide à quelques dizaines de mètres de là. La seule demande que j'aie entendue de leur part était d'obtenir un robinet avec de l'eau potable. Quelle nation soucieuse des droits de l'homme peut-elle refuser un accès permanent à l'eau potable ? Les associations ont alerté sur les effets d'une politique qui empêche les exilés de faire valoir leurs droits et les exclut des informations juridiques nécessaires.
Avons-nous fait barrage à l'extrême droite, le 24 avril dernier, pour que des hommes, des femmes et des enfants vivent dans de telles conditions, et pour que les associations qui leur viennent en aide soient harcelées, empêchées d'agir et injuriées ? Avons-nous sauvé la République dans les urnes pour qu'elle soit ainsi bafouée dans les camps de fortune que la France offre pour seul accueil à ceux qui ont fui les guerres et la misère ? Vous disiez il y a quelques mois que vous trouviez Mme Le Pen trop molle. Nous découvrons que ce n'était pas une formule, mais un aveu. Pire, c'est un programme ; et un style, celui d'un Sarkozy discount !