Monsieur le ministre, j'ai le cœur lourd. Le 30 juin dernier, à Mont-Saint-Martin, un jeune homme de 26 ans a été touché à la tête par un bean bag.
Il s'appelle Aimène Bahouh. Il est agent de sécurité. Il rentrait du travail en voiture et allait chercher à manger avec des amis à quelques kilomètres de chez lui. En une fraction de seconde, sans comprendre pourquoi ni comment, il a reçu un bean bag dans la tête. Le projectile a été tiré par le Raid sans sommation, par surprise. Aujourd'hui, il est toujours entre la vie et la mort. Oui j'ai le cœur lourd, comme sa famille, ses voisins et les habitants de la commune, qui nagent dans l'incompréhension, la colère et le désarroi.
À sa famille, qui a porté plainte, un policier a tenté d'expliquer l'inexplicable en disant qu'Aimène se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment. Vous rendez-vous compte de la violence de ces propos ?
Vous dites vouloir maintenir l'ordre en enjoignant aux gens de rentrer chez eux, et vous appelez le Raid pour régler les problèmes dans les petites communes ? Quelle est la suite : « Pas de chance pour les habitants qui rencontrent le Raid en bas de chez eux » ? Le maintien de l'ordre n'est pas une affaire de chance, mais de respect des droits de l'homme et de justice !
Votre réponse ultra-sécuritaire aux révoltes qui traversent le pays depuis plusieurs semaines est largement inadaptée. Le tir dont Aimène a été victime en est une preuve supplémentaire. Combien faudra-t-il encore de victimes pour que vous refondiez enfin la police de la cave au grenier ? Quand agirez-vous, comme le recommande l'ONU, contre les violences racistes au sein de la police ? Que faisait le Raid dans cette commune ?