L'accord trouvé en commission mixte paritaire sur ce texte revêt une importance particulière pour l'administration douanière, notamment dans le cadre de l'exercice de sa mission de surveillance et de protection des citoyens. Pour la mener à bien, les agents des douanes exercent souvent un droit de visite, dispositif qui leur permet de pénétrer dans tous les lieux, y compris privés, et de saisir les marchandises et les documents se rapportant aux délits constatés.
La réécriture de l'article 60 du code des douanes relatif aux visites douanières et l'adoption d'une rédaction conforme aux principes supralégislatifs que sont la liberté d'aller et de venir et le droit au respect de la vie privée, constituent une base indispensable pour garantir la pérennité du cadre d'intervention des agents des douanes. En effet, le dispositif actuel sera caduc à compter du 1er septembre. Nous n'avons que trop attendu.
Je salue de nouveau l'action des 17 000 douaniers, femmes et hommes, qui œuvrent pour la protection de nos frontières et de notre économie. C'est toujours avec attention que j'observe l'action nationale et régionale menée en Occitanie, région limitrophe de l'Andorre, par cette administration de la frontière et de la marchandise dont l'engagement sans faille mérite respect et remerciements.
Nous saluons la création d'un nouveau chapitre relatif à la prévention des infractions commises au moyen d'internet dans le code des douanes. La douane doit effectivement s'adapter. C'est une avancée importante face à l'ampleur des fraudes à la TVA, dont le montant est estimé entre 20 et 25 milliards d'euros par an selon l'Insee, ce qui représente un véritable manque à gagner pour l'État.
Bien qu'il y ait consensus sur le fait que la commission mixte paritaire devait être conclusive, le groupe Écologiste – NUPES réitère ses réserves. D'abord, nous ne sommes pas convaincus de la pertinence du développement d'une réserve opérationnelle – cela a été souligné à de nombreuses reprises, nous le répétons –, alors même que l'administration des douanes dispose déjà de personnels dits Paris-Spéciaux. Surtout, il est nécessaire de déployer des moyens humains de façon pérenne pour faire face aux menaces déjà existantes, notamment en matière de contrôle des frontières et des zones maritimes.
Alors que la stratégie des trafiquants et des fraudeurs a évolué, il faut disposer de compétences spécifiques, mobilisables de manière durable. Or ni la réserve opérationnelle ni la suppression de plus de 2 000 postes au sein de l'administration des douanes en 2022 et 2023 ne permettent de relever ce défi. Ce texte alloue à la douane des moyens essentiellement juridiques, et non humains. En ce sens, nous avions déposé un amendement visant à modifier l'intitulé du projet de loi pour retenir le titre suivant : « Donner à la douane les moyens juridiques de faire face aux nouvelles menaces ».
Par ailleurs, l'habilitation à légiférer par ordonnance, donnée au Gouvernement pour trois ans, dessaisira le Parlement de ses prérogatives législatives pendant une période trop importante. Pour rappel, le présent projet de loi est le premier à être consacré à la douane depuis plus d'un demi-siècle. Conformément aux compétences qui nous sont dévolues par la Constitution, nous, parlementaires, étions tout à fait disposés à examiner tout texte relatif aux douanes et au contrôle des marchandises et des biens, notamment dans le contexte actuel. Nous en serons privés. De nombreux parlementaires se sont dessaisis de leur pouvoir de statuer sur un texte aussi important. Nous estimons que cette autorisation est nécessaire uniquement pour prémunir l'administration douanière d'une éventuelle censure de la nouvelle rédaction de l'article 60 du code des douanes. Nous avions fait à cet égard des propositions qui ménageaient un équilibre satisfaisant entre la protection de l'exercice du droit de visite et le respect des prérogatives du Parlement – mais, manifestement, certains parlementaires ne souhaitent pas voter.
Enfin, le recours aux drones suscite des inquiétudes. À ce jour, la police et la gendarmerie sont les seules administrations autorisées par le Conseil constitutionnel à les utiliser. Dès lors, nous plaidons plutôt pour le statu quo et une synergie d'action entre ces corps et l'administration douanière.
En conclusion, notre groupe s'abstiendra. Il s'agit d'une abstention constructive, eu égard aux prérogatives que l'article 60 consacre. Ce choix est guidé par la volonté de donner aux douaniers les moyens nécessaires à l'exercice de l'indispensable droit de visite. Par cette abstention, nous faisons preuve d'exigence. Dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances pour 2024, nous tenterons de résoudre les nombreux problèmes que j'ai évoqués et de répondre au manque crucial de moyens de la douane.