Peut-être, mais elles pourront le faire – c'est un problème. Des entités ayant leurs propres intérêts privés risquent de définir de plus en plus fréquemment les besoins des collectivités, alors qu'elles n'ont pas été mandatées pour cela. Par ailleurs les surcoûts – notamment liés aux coûts d'intermédiation et aux taux d'intérêt, qui peuvent être supérieurs à ceux du marché – risquent de s'accroître. Est-il opportun d'introduire une telle disposition alors qu'un nombre toujours plus élevé de collectivités est en grande difficulté financière ? En outre-mer, notamment, une proportion importante de collectivités se trouve dans l'impossibilité de respecter la règle prescrivant l'équilibre de leur budget.
Cette situation n'est pas spécifique aux outre-mer et s'explique par l'austérité budgétaire imposée depuis des années par l'État aux collectivités territoriales. Pour rappel, le montant de la dotation globale de fonctionnement est passé de 41,5 milliards d'euros en 2013, à 26 milliards aujourd'hui. Pour l'année 2023, la simple non-prise en compte de l'inflation entraîne une perte sèche de 4 milliards d'euros pour les collectivités territoriales, alors qu'elles sont, comme vous le savez, le premier investisseur public en France et ont donc un effet déterminant sur notre économie.
Tout aussi étonnante est la suppression de la gratuité de tous les retraits d'espèces dans un distributeur automatique en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française. Le Gouvernement aurait introduit cette gratuité par erreur. Mais l'erreur était bienvenue et il n'était pas nécessaire de la corriger !
Cet épisode, qui confirme une certaine désinvolture de l'État, que j'ai déjà pointée, aura des conséquences financières négatives pour nos concitoyens ultramarins, alors que les frais bancaires restent plus élevés dans leurs collectivités que dans l'Hexagone.
Pour ne pas bloquer les avancées réelles que ce texte prévoit, nous ne nous opposerons pas à celui-ci. Mais, puisqu'il n'est pas possible de passer sous silence le problème de méthode, qui est aussi un problème démocratique, le groupe La France insoumise ne le votera pas non plus et s'abstiendra.