Nous inscrivons toute politique publique en matière d'eau, bien commun de première nécessité, dans l'accompagnement d'une volonté politique qui se matérialise de plus en plus sur le terrain : le retour au service public de sa gestion, afin que l'eau ne soit plus considérée comme une marchandise lambda et qu'elle reste exempte de toute profitabilité privée.
Portant cette conviction, nous devons aller au-delà, car deux enjeux pèsent sur la ressource : l'impérieuse nécessité de la sobriété et l'indispensable garantie du droit d'accès à l'eau pour tous. Or, dans le cadre des modes de gestion, ces deux exigences écologique et sociale éclairent définitivement le caractère dépassé du système de financement actuel de l'eau. Baisser la consommation pour s'adapter à l'urgence climatique et établir une tarification sociale progressive, c'est diminuer les recettes pour les communautés qui font face à un mur d'investissement pour la rénovation des infrastructures et la sauvegarde de la haute qualité sanitaire des eaux. L'État, au nom de la solidarité nationale, doit revenir en force et de manière pérenne aux côtés des collectivités. Telle est la logique qui devrait présider à un véritable plan national de l'eau que nous réclamons d'urgence.
Votre plan marque-t-il cette rupture ? La vérifie-t-on en termes de moyens ? Les 475 millions d'euros supplémentaires et la légitime suppression du plafond mordant constituent une amorce qui n'augure cependant pas un renversement du point de vue politique du Gouvernement en la matière.