Pourtant, vous savez très bien qu'il est possible de s'en extraire : lorsqu'une molécule est interdite en France alors qu'elle reste autorisée ailleurs, la solution pour protéger les agriculteurs consiste à suspendre pendant quatre ans les importations de produits traités avec la substance concernée. Vous le savez. Pourquoi ne le dites-vous pas ? Pourquoi ne le faites-vous pas systématiquement ? Certes, vous avez eu recours à cette mesure pour les cerises de bouche traitées au phosmet mais vous ne l'avez pas appliquée aux cerises d'industrie ni à bien d'autres produits, malheureusement. Pourquoi rester dans l'impasse ? Pourquoi ne pas bloquer les importations ? Parce qu'au fond vous ne connaissez que la course du néolibéralisme économique. Vous ne voulez pas changer de route !
Vous enfermez les agriculteurs dans cette impasse en les plaçant devant un dilemme aussi effroyable qu'aberrant : mourir des pesticides ou mourir de la concurrence. Personne n'est obligé de choisir entre la chimie ou la survie.
Pire encore, non seulement vous restez dans l'impasse mais vous foncez droit dans le mur. Quand l'Anses interdit l'usage du S-métolachlore, herbicide classé très toxique qui a massivement pollué nos eaux, vous bataillez contre sa décision. Vous tentez même de remettre en cause les compétences de cette agence, pour que ce ne soit plus elle mais le ministre de l'agriculture qui ait le pouvoir d'autoriser la vente des pesticides ; non plus le scientifique mais le politique, et tous les lobbies qui vont avec.
Voici le sens de votre proposition de résolution : empêcher toute ambition, revoir à la baisse les règles françaises et, ainsi, nous faire foncer droit dans le mur, tous ensemble, vers le profit, main dans la main avec l'agrobusiness, qui rêve de revenir sur les dernières interdictions de pesticides.
Alors, j'aime bien courir – j'ai pratiqué la course à pied de manière intensive –, mais pas pour foncer dans le mur. Nous, nous refusons de choisir entre chimie et survie. Quand la NUPES gouvernera, nous actionnerons systématiquement la clause de sauvegarde et, à plus long terme, nous transformerons le droit du commerce.
Enfin, vous nous dites qu'il faut des solutions alternatives sans pertes de rendement ni surcoûts. Mais que faites-vous pour les trouver ? Où sont les importantes hausses de moyens destinées à la recherche et au développement ? Nous avons eu la preuve, en auditionnant la semaine dernière le secrétaire général pour l'investissement, chargé de France 2030, que ce n'était pas une priorité pour la Macronie.