Pour faire naître un développement industriel durable et protecteur des écosystèmes et des populations, il apparaît nécessaire de commencer par instaurer des niveaux d'exigence sociale et environnementale pour nos productions nationales et pour l'ensemble des produits que nous importons. Sans cela, la compétitivité nous sera toujours défavorable et nous ne pourrons pas réindustrialiser en relocalisant ces productions.
La crise sanitaire a démontré une nouvelle fois, de manière criante, le risque que notre désindustrialisation nous fait courir collectivement. Il y a bien évidemment un intérêt stratégique à avoir une industrie sanitaire et pharmaceutique en France, mais celle-ci doit être interconnectée avec celles de nos voisins européens. Seuls, nous ne pourrons pas reproduire tous les médicaments princeps ni disposer des matières premières nécessaires à une souveraineté sanitaire. De plus, nos champions nationaux – des entreprises comme Airbus ou d'autres – n'ont de cohérence que dans une logique européenne, intégrée dans des échanges internationaux. En effet, nos espaces sont ouverts et nos enfants voyagent ; nos modes de consommation s'universalisent et sont de plus en plus structurés autour de produits manufacturés qui sont parfois – malheureusement – de piètre qualité et dont l'impact est déplorable sur les travailleurs et sur l'environnement. Nous avons tous une part de responsabilité en tant que consommateurs, en tant que législateurs, en tant que régulateurs. Vous le savez, nos économies sont interconnectées et nous devons contribuer à en fixer les règles.
Nous devons changer nos modes de consommation, être plus sobres et plus responsables, mais ce n'est pas avec moins de règles que nous vivrons mieux. La réindustrialisation de notre pays ne doit pas s'accompagner d'un recul social et d'une pollution massive. Nous sommes tous pour la réindustrialisation de notre pays et pour une souveraineté industrielle, alimentaire et énergétique, mais nous ne nous donnons pas les moyens de les rendre réellement possibles, alors que nous pourrions le faire en renforçant les filières, en structurant les relations entre clients et fournisseurs ou entre donneurs d'ordre et sous-traitants, en développant une fiscalité juste entre les entreprises, en développant la participation des salariés à leur gouvernance, en partageant la valeur ajoutée et en respectant, monsieur le ministre délégué, le dialogue social.