Par construction, ce n'est qu'un bilan provisoire, d'étape, mais ce temps de pause et ce regard sur un texte voté il y a cinq ans sont salutaires. Cet exercice mériterait peut-être d'être réalisé sur d'autres textes.
Commençons par les quelques enseignements que l'on peut tirer de l'équilibre général du texte. Et, dans une époque où ce qui va mal monopolise l'attention politique et médiatique, permettez-moi de commencer par les réussites à mettre au crédit de la LPM 2019-2025.
Ce texte nous apprend d'abord que l'on peut anticiper les bouleversements du monde. En 2017 et 2018, notre pays a en effet su analyser et anticiper, d'une certaine manière, le durcissement du monde, qui n'est devenu évident à d'autres qu'après le conflit ukrainien. Nous le devons bien sûr au Président de la République, lequel a inversé la courbe déflationniste qui a trop longtemps été l'alpha et l'oméga de nos budgets de défense.
Au-delà, on peut, je crois, se féliciter de disposer d'une intelligence collective, à laquelle concourent nos états-majors, notre filière de renseignement et nos universitaires : ils ont su penser ce durcissement et la nécessité de l'accompagner d'un effort budgétaire très significatif en faveur de nos forces armées.
Permettez-moi, à ce propos, de citer un extrait du roman En attendant Bojangles, d'Olivier Bourdeaut. Un enfant y rapporte son dialogue avec un sénateur : « […] il disait que son métier était beaucoup plus drôle avant la chute du mur, parce qu'on y voyait beaucoup plus clair. J'en avais déduit qu'il y avait eu des travaux dans son bureau, qu'on avait cassé un mur et bouché les fenêtres avec. »