Par-delà les événements, je m'interroge sur le manque d'anticipation du caractère violent des manifestations. Le renseignement est essentiel pour anticiper. Pourquoi n'y en a-t-il pas eu sur l'état d'esprit des manifestants, ou alors pourquoi n'en a-t-il pas été tenu compte ?
Au cours de ma carrière dans la police nationale, en tant que responsable du renseignement dans plusieurs départements, j'ai maintes fois pu mesurer combien ce travail était essentiel pour les forces de police et de gendarmerie sur le terrain. À Sainte-Soline, de véritables guérilleros armés de hachettes, de couteaux et d'engins incendiaires sont passés sous les radars. Les services de renseignement sont vos yeux et vos oreilles, et en l'occurrence, vous avez été aveugle et sourd.
On sait que le laisser faire peut cacher une volonté de discréditer un mouvement. Je n'ose croire que cela a été le cas à Sainte-Soline, pour faire passer au second plan la question de la réforme des retraites et ainsi retourner l'opinion.
La gestion du maintien de l'ordre est un exercice difficile. L'anticipation et l'analyse prospective sont absolument indispensables. Pourquoi ne pas utiliser davantage les moyens d'information et de renseignement ?