S'agissant de l'utilité d'un rapport remis par le Gouvernement, tous les travaux parlementaires menés ces dernières années aboutissent à la même conclusion : contrairement au Gouvernement, les parlementaires n'ont pas les moyens de réunir des données suffisantes pour dresser un état des lieux exhaustif de la menace terroriste faute d'avoir accès à celles des services de renseignement. J'en conviens, les demandes de rapport sont trop nombreuses mais, sur ce sujet précis, c'est absolument indispensable.
Je suis surpris d'entendre M. Paris résumer notre démarche à une opération de communication. La bonne information du Parlement sur le risque terroriste, comme dans toutes les grandes démocraties européennes, ne me semble pas relever de la communication mais plutôt de la défense des droits et prérogatives du Parlement. Je suis étonné que vous n'y soyez pas sensible.
Le projet de l'extrême gauche peut parfois conduire à des violences, le plus souvent contre les biens, mais il ne mène pas au terrorisme. Surtout, il ne repose pas sur une haine caractérisée à l'encontre de tel ou tel groupe d'individus et n'a pas pour but de les éliminer. Le dire est faux. Je ne nie pas l'existence de violences condamnables, mais elles ne peuvent pas être mises sur le même plan que des actes terroristes. Ayons un peu de respect et une pensée pour les milliers de victimes du terrorisme suprémaciste ces dernières années, à El Paso aux États-Unis, en Allemagne, à Christchurch en Nouvelle-Zélande ou à Utøya en Norvège. Nous parlons bien de violence d'extrême droite.
Les amendements montrent une unanimité, depuis les rangs de la majorité jusqu'à ceux du Rassemblement national, pour mettre sur le même plan la violence d'extrême gauche et le terrorisme d'extrême droite. Je le déplore profondément, et plus encore lorsque l'un d'eux vient de M. Rudigoz, qui s'est battu pour la dissolution de Génération identitaire et de Bastion social, ce qui l'honore. Comment, cher collègue, vous qui, à Lyon, voyez presque chaque week-end la violence d'extrême droite sous vos yeux, les milices qui défilent armées de barres de fer et prêtes à passer à l'acte, pouvez-vous nous expliquer sérieusement que ces groupes sont aussi dangereux pour la démocratie que des groupes d'ultragauche ?
Je constate, sous cette législature, un glissement par rapport à la précédente. Les députés de la majorité étaient alors capables de participer à une commission d'enquête sur les violences d'extrême droite et de considérer que le sujet devait être pris au sérieux et distingué d'autres formes d'activisme violent pour une raison simple : le risque de terrorisme. Je note aujourd'hui une belle unanimité dans l'union des droites pour relativiser ce risque et pour mettre sur le même plan extrême droite et ultragauche. Avis défavorable aux amendements.