Intervention de Hubert Julien-Laferrière

Réunion du mercredi 29 mars 2023 à 9h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHubert Julien-Laferrière :

Nous sommes tous d'accord pour constater la montée en puissance d'une violence politique, que nous condamnons, mais celle de l'ultradroite prend une ampleur démesurée depuis des années. De quoi parlons-nous ? De projets d'actes de terrorisme visant les institutions de la République et visant à tuer.

Selon le rapport d'Europol, 45 % des arrestations liées à ce phénomène en Europe ont lieu en France, ce qui représente une hausse de 12 points depuis 2019. Tous les spécialistes de l'antiterrorisme assurent que le risque terroriste d'ultradroite est bien supérieur à celui de l'ultragauche. Selon ceux que nous avons auditionnés, cette nébuleuse est composée d'environ un millier de personnes, la plupart fichées S, qui ont toutes une base idéologique commune : le rejet de la République, de l'immigration, de la diversité culturelle et la promotion de l'ultranationalisme, du racisme, de l'ultraconservatisme, du fascisme, de l'antisémitisme et de l'islamophobie.

Cette nébuleuse se divise en trois courants principaux, identitaire, nationaliste et royaliste, mais le premier est le plus virulent. Ses partisans sont obsédés par le « grand remplacement », la supériorité de la race blanche, la lutte contre la supposée islamisation du pays. Le mouvement Génération identitaire a été dissous en 2021 mais nous nous souvenons du blocage qu'il a organisé en 2018 à la frontière franco-italienne ; nous nous souvenons des combats de rue et des agressions ciblées contre des migrants ou des militants de gauche, voire de projets d'attentats contre des mosquées, des cimetières juifs, des institutions républicaines ; nous nous souvenons des groupuscules OAS, AFO – Action des forces opérationnelles –, composé d'anciens militaires qui avaient prévu de s'attaquer à des musulmans en 2018, et, bien sûr, des Barjols, condamnés en février, qui prévoyaient de fracturer le corps social en assassinant le Président de la République.

Il y a trois mois encore, trois activistes kurdes ont été lâchement assassinés dans le 10e arrondissement de Paris par un raciste autoproclamé.

Qu'est-ce que tout cela a à voir avec Extinction Rebellion ? On parle de terrorisme et d'intention de tuer. Ce n'est pas le cas d'Extinction Rebellion.

Je voudrais saluer le travail des services de l'État. Ils auraient néanmoins besoin de l'état des lieux documenté et chiffré que la proposition de loi sollicite à juste titre pour continuer à endiguer la menace.

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