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Intervention de Edwige Diaz

Séance en hémicycle du lundi 27 mars 2023 à 16h00
Faciliter le passage et l'obtention de l'examen du permis de conduire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEdwige Diaz :

La proposition de loi visant à faciliter le passage et l'obtention du permis de conduire soulève plusieurs enjeux essentiels relatifs aux difficultés d'accès à la mobilité pour les Français.

Cependant, permettez-moi tout d'abord de vous faire part de ma surprise quant au contenu de l'exposé des motifs qui tait – ou, pire, déforme – des réalités pourtant criantes pour nos compatriotes. En effet, pas un mot sur les dépenses que représentent les déplacements en voiture ; rien sur l'explosion du coût des taxes, qui se répercute sur les prix du carburant ; rien non plus sur l'augmentation du prix du cheval fiscal ou encore du contrôle technique ; rien sur la multiplication des radars ; rien, enfin, sur le scandale d'État relatif au racket fiscal organisé, avec votre complicité, par les sociétés d'autoroutes en matière d'augmentation du prix des péages, et sur lequel notre groupe vous a demandé de nous dire la vérité.

Dans un autre registre, vous prétendez que vous avez investi massivement dans les transports en commun. Il fallait oser ! Monsieur le rapporteur, étant, comme moi, un élu de Nouvelle-Aquitaine, vous n'êtes pas sans savoir qu'il aura fallu attendre des années pour que la ligne ferroviaire Paris-Orléans-Limoges-Toulouse fasse l'objet d'investissements publics. Toujours du côté des retards ou des reculades en matière d'investissement publics, je vous rappelle que le ministre délégué chargé des transports, M. Clément Beaune, a décidé d'abandonner le Limousin en enterrant le projet d'infrastructure routière entre Limoges et Poitiers, pourtant promis par Mme Geneviève Darrieussecq, alors tête de liste de La République en marche aux élections régionales en Nouvelle-Aquitaine et devenue depuis ministre déléguée.

Le bon sens, lorsque l'on souhaite défendre une loi facilitant l'accès à l'examen du permis de conduire, supposerait que les automobilistes puissent rouler en payant un prix acceptable et sur des routes qui – lorsqu'elles existent – sont dans un état décent.

Dans le même temps, vous évoquez la protection des usagers des transports en commun. Une fois encore, vous ne manquez pas d'air. Vous éclipsez totalement l'inquiétude des Français – et surtout des Françaises –, laquelle s'accroît au rythme de l'ensauvagement de notre société. L'insécurité n'est pas un sentiment – comme le dirait un ministre bien connu –, mais bien une réalité pour nos compatriotes qui la subissent. Ce n'est pas pour rien qu'une étude de deux sociologues de l'université de Bordeaux a démontré, en janvier 2022, que 55 % des femmes à Angoulême évitent les transports en commun parce qu'elles ne s'y sentent pas en sécurité. Ce n'est pas non plus pour rien que les députés du Rassemblement national avaient proposé, dans le cadre de la Lopmi, d'inscrire les harceleurs de rue ou dans les transports en commun au fichier des délinquants sexuels. Cette mesure aurait eu le mérite de rendre aux Françaises leur sécurité en dissuadant la plupart de ceux qui leur pourrissent la vie au quotidien de passer à l'acte.

Enfin, évoquer la prime à la conversion vers les véhicules électriques a tout d'une esbroufe. Ces primes ne sont pas suffisantes pour acquérir des véhicules dont le prix est inaccessible pour un grand nombre de Français, qui vont se voir empêchés d'accéder aux grandes villes avec leur propre voiture. En effet, les zones à faibles émissions (ZFE) que le Gouvernement s'obstine à promouvoir tout en cachant la réalité de leur déploiement, ont tout de zones à forte exclusion. Cette mesure liberticide et socialement injuste, sur laquelle les députés du groupe Rassemblement national lui ont demandé de revenir, va empêcher de nombreux Français de rouler à Paris, à Lyon, à Grenoble, à Bordeaux, à Nice et dans beaucoup d'autres villes.

Au-delà d'un exposé des motifs plus que contestable parce que très éloigné des réalités, votre proposition de loi peine à convaincre. Elle se contente de proposer quelques dispositifs mineurs et écarte toute avancée majeure.

Premièrement, le texte ne donne pas la possibilité aux parents de céder à leurs enfants leurs droits au compte personnel de formation, comme le réclamaient les députés du RN.

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