Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du mardi 14 mars 2023 à 15h00
Accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires et fonctionnement des installations existantes — Article 1er d

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Je fais partie des députés qui ont plutôt peur en voyant ceux qui n'ont pas peur, ceux qui sont absolument sûrs que l'on peut se passer du nucléaire comme ceux qui sont persuadés que le nucléaire est la grande solution. Tous ceux-là me font un peu peur. Pour ma part, je doute, j'assume le fait de douter et d'avoir besoin du débat sur la PPE pour me faire une opinion définitive.

Cet amendement, qui traduit une part du doute sur lequel j'attends des réponses positives, porte sur le traitement des déchets en aval. C'est en regardant un documentaire sur Notre-Dame de Paris, le week-end dernier, que j'ai été sensibilisé à la question de la transmission du danger des déchets. Des équipes de scientifiques ont dû travailler pendant des mois et même des années pour réussir à retrouver la manière d'assembler soixante-dix-neuf pierres d'une voûte de Notre-Dame de Paris, car aucun mode d'emploi n'avait été laissé. Or la cathédrale avait été construite il y a moins de 1 000 ans, au cours de la même civilisation.

Comment allons-nous communiquer sur des dangers colossaux, abyssaux à l'horizon de 100 000 ans ? C'est une question de sémiotique nucléaire qui demanderait de faire preuve d'humilité, car on a fait beaucoup de recherches sans rien trouver de très convaincant pour l'instant. En 2006, il était question d'étudier la possibilité d'un stockage des déchets nucléaires en faible profondeur – entreposage dit subsurfacique –, comme solution différente de celle engagée par Cigéo à Bure. Ce stockage réversible nous permettrait de faire preuve d'humilité s'agissant de notre capacité à transmettre à une civilisation du futur, éloignée de nous de 100 000 ans. Pour prendre la mesure du temps, rappelons qu'il y a 100 000 ans, c'était le paléolithique.

Pourrait-on relancer un programme sur le stockage en subsurface afin de se protéger du danger anthropologique énorme que représente l'enfouissement non réversible ? Ma question est dictée non seulement par une peur mais aussi par un espoir : dans un siècle, les scientifiques nous annonceront peut-être des fusions et transmutations plus efficaces qu'à présent.

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