Le 14 décembre, j'ai organisé à l'Assemblée nationale une réunion qui a permis à plus de quinze parlementaires, élus de territoires traversés et desservis par la ligne ferroviaire POLT, et à des représentants des associations de défense de cette ligne – en particulier « Urgence Ligne POLT » – d'échanger avec vos services et ceux de la SNCF sur cette ligne où trop de retards, d'avaries et d'incidents sont à déplorer.
Chacun en a convenu : la plus grande radiale ferroviaire classique, avec ses 712 kilomètres de voies, est une véritable ligne de vie pour nos concitoyens. Si des avancées ont enfin été obtenues, comme la régénération – hélas bien tardive – des voies, la mise en service de nouveaux matériels et la réalisation de quelques opérations de modernisation bien parcellaires, les investissements prévus ne permettent pas de répondre aux ambitions de l'État et de la SNCF, qui souhaitent doubler le nombre de voyageurs de la ligne, ni au défi représenté par le changement climatique. En effet, les 100 milliards d'euros d'investissements annoncés d'ici à 2040 ne permettront pas de combler le retard qui s'est creusé au cours des deux dernières décennies, puisque cela ne représente que 6 à 7 milliards d'euros par an, alors que pour répondre aux besoins, il en faudrait, selon le président de la SNCF lui-même, plus de 10 milliards.
Pour parer à l'urgence, il est nécessaire d'apporter des solutions. Les usagers et les entreprises – parmi lesquelles Legrand, installée à Limoges – ont d'ailleurs fait part de leurs exigences, simples mais indispensables, en matière d'amélioration du matériel, des temps de parcours et des dessertes. Elles ont été exposées dans le cadre du comité de pilotage du schéma directeur de la ligne.
Tout d'abord, le délai de livraison du matériel déjà commandé sera-t-il encore allongé ? Vous avez évoqué une livraison en 2025, mais le PDG de l'entreprise de construction de trains CAF parle, lui, de 2026.
Par ailleurs, vous savez le ralentissement connu sur la ligne : alors que le trajet entre Limoges et Paris ne prenait que deux heures quarante-cinq il y a quarante ans, il faut désormais compter près de trois heures et quart. Quelles mesures en matière de modernisation des voies comptez-vous prendre pour revenir à des temps de trajets d'environ deux heures quarante-cinq ?
En outre, la diminution des effectifs donne lieu à des situations ubuesques. Par exemple, un train arrêté pour avarie à Vierzon s'est trouvé contraint d'attendre une locomotive venue d'Orléans et un conducteur arrivé de Brive, uniquement parce que le dépôt de Vierzon ne disposait pas de réserves !
Enfin, en matière de dessertes, nous demandons l'instauration de quatorze allers-retours entre le nœud ferroviaire de Vierzon et Paris – contre onze actuellement – et des dessertes de nuit, aller et retour, pour toute la ligne.
Si personne ne nie les efforts consentis pour le futur, ils ne doivent pas pour autant obérer les améliorations nécessaires pour rendre enfin le niveau de service actuel conforme aux engagements de l'État et de la SNCF. La situation actuelle n'est pas acceptable, j'en suis le témoin direct : sur les quatorze voyages que j'ai effectués en décembre entre Paris et Vierzon, pas moins de six ont fait l'objet d'incidents notables ayant entraîné des retards de trente minutes à plus de quatre heures.
Tant qu'elle gardera son unicité et sa pertinence jusqu'à Toulouse, sa capacité à favoriser l'aménagement du territoire et à proposer des déplacements à des prix attractifs, la ligne POLT restera une ligne d'avenir, et nous sommes plus mobilisés que jamais pour nos concitoyens et nos territoires. Madame la secrétaire d'État, n'oubliez pas le grand centre de la France !