Nous sommes au seuil de l'examen d'un texte majeur pour l'avenir de notre système de retraite, et donc pour la protection sociale de l'ensemble de nos concitoyens. Il me semble bon ici de rappeler qu'en dépit des désaccords profonds qui se sont exprimés sur ce projet de loi, en commission comme ailleurs, il est un point qui doit tous nous rassembler : la défense du système de retraite par répartition. Chaque mois, dans notre pays, s'accomplit ce petit miracle de notre sécurité sociale qui nous est devenu aussi naturel que l'air qu'on respire : près de 30 millions d'actifs versent une partie du fruit de leur travail à près de 17 millions de retraités.
Cette solidarité intergénérationnelle suppose que chacun, quelle que soit sa date de naissance, sache qu'il pourra en bénéficier, une fois sa vie active achevée. Or notre système fait face à une crise de confiance. Comment d'ailleurs ne pas la comprendre quand on voit que la part des actifs par rapport aux retraités ne cesse de diminuer ? C'est en partie une bonne nouvelle car c'est la preuve que l'espérance de vie a augmenté et que la retraite est bel et bien devenue un nouvel âge de la vie. Toutefois, il faut bien avoir à l'esprit que la pension d'un retraité ne sera plus financée que par un seul actif en 2050 quand elle l'était par près de trois actifs en 1990. Quelles que soient les projections concernant la productivité, cela pose nécessairement un problème redoutable qui menace la pérennité financière de notre système.
Comment ne pas comprendre cette crise de confiance quand les projections du Conseil d'orientation des retraites montrent que, durant les prochaines décennies, le montant relatif des pensions ne cessera de diminuer par rapport aux salaires des actifs ?