Les violences faites aux élus augmentent de façon inquiétante. Selon le Cevipof, la part des élus qui déclarent avoir été victimes de menaces verbales ou écrites a augmenté de 11 points entre 2020 et 2022, passant de 28 à 39 %. Les incivilités ont progressé de 10 points, les injures et les insultes de 8 points, les attaques sur les réseaux sociaux et internet de 7 points. Ces violences sont intolérables et nous les condamnons fermement.
Elles ne se cantonnent d'ailleurs pas aux élus : les violences envers les policiers ont augmenté de 40 % entre 2009 et 2019 ; les comportements violents au sein des établissements scolaires ont progressé de plus 19 %, et 30 % des enseignants disent avoir été victimes de violences au travail au cours de l'année écoulée. La famille n'est pas non plus épargnée, puisque l'on dénombrait, en 2021, 14 % de féminicides en plus et une hausse de 21 % des violences physiques par rapport à 2020.
La montée de la colère dans la population est générale. Le sentiment de perte de valeurs et de confiance a laissé place à celui de défiance vis-à-vis des élus, exacerbé par le climat de tensions sociales. Les non-sens de la politique néolibérale alimentent le sentiment de frustration et l'exaspération qui en découle, de même que la baisse du pouvoir d'achat de milliers de Français, alors qu'une minorité continue d'engranger des bénéfices démesurés : en 2022, 80 milliards d'euros de bénéfices ont été distribués aux actionnaires du CAC 40 et certains ministres sont millionnaires. Il faut aussi citer les services publics démantelés, privatisés et inefficients, alors que les Français paient des impôts qui devraient pouvoir en assurer un fonctionnement optimal. Le mépris du Président de la République envers la population n'est pas non plus étranger au sentiment de colère qui la traverse – un président qui insulte les Français, fait ce qu'il n'a pas promis et promet ce qu'il ne fait pas. J'en veux pour preuve la réforme des retraites. Alors qu'il avait promis, en 2017, de ne pas y toucher, il compte repousser l'âge de départ à la retraite à 64 ans malgré l'opposition farouche d'une majorité des Français.
Voilà quelques causes à la montée des violences dans notre société et contre les élus en particulier. Si rien ne les excuse, il faudrait au moins réfléchir à une façon sérieuse d'endiguer le phénomène sans se limiter aux élus. En cela, je peine à comprendre l'intérêt de votre proposition de loi. Vous souhaitez que les élus soient moins ciblés par la population et qu'ils soient davantage respectés ? Peut-être le Gouvernement pourrait-il commencer à montrer l'exemple en respectant les élus, en particulier les parlementaires privés de l'exercice de leur pouvoir législatif par la multiplication des 49.3. Ou peut-être pourrait-on légiférer pour assurer une meilleure représentation des citoyens, œuvrer à une vraie moralisation de la vie publique ou simplement permettre plus de démocratie directe, pour laisser le peuple s'exprimer ou choisir.
Votre proposition de loi ne traite pas des causes et si peu des conséquences. Pour toutes ces raisons, le groupe GDR-NUPES s'abstiendra.