La francophonie est à la croisée des chemins. La France s'y investit davantage et, en 2050, il pourrait y avoir 700 millions de locuteurs. Notre modèle de société est cependant concurrencé par la montée des nationalismes – jusqu'aux États-Unis et au Brésil, avec Bolsonaro – et des impérialismes, notamment chinois et russe. Les valeurs de la francophonie telles que la démocratie, l'État de droit et le multilatéralisme sont menacées, et ce même en France : on a entendu à l'instant que le Rassemblement national remet en cause le multilatéralisme.
Trois coups d'État ont récemment eu lieu en Afrique ; je mets à part le cas du Tchad. Ils résultent d'une gouvernance déficiente. L'influence de la France est contestée dans un grand nombre de pays africains.
Enfin, alors que le français était parlé couramment dans les institutions européennes, seuls 2 % des textes de l'Union européenne sont désormais publiés dans notre langue. Il y a cinquante ans, un tiers des publications scientifiques étaient écrites en français ; elles ne sont plus que 0,3 %. Ces exemples montrent à quel point l'influence de notre langue a diminué.
Le moment n'est-il pas venu de réenchanter la doctrine de la francophonie ? Elle a d'abord reposé sur la langue, l'histoire et la culture. Lors d'une deuxième étape, elle s'est étendue à la démocratie et aux questions de gouvernance. Ne faut-il pas inventer une troisième étape ?