Monsieur le rapporteur, vous dites que vous voulez lutter contre les squatteurs, mais vous n'avez pas défini qui ils sont. Je vous invite à lire l'analyse que fait le Secours catholique de la proposition de loi, qualifiée de « bombe sociale ». Avec ce texte, les personnes à la rue qui ont aujourd'hui accès aux centres d'hébergement d'urgence seront considérées demain comme des squatteurs et des voleurs potentiels si elles occupent un logement sans droit ni titre.
L'article L. 345-2-3 du code de l'action sociale et des familles prévoit que toute personne doit pouvoir demeurer dans son hébergement d'urgence, mais bien souvent cet article n'est pas appliqué – nous devrions y remédier au niveau législatif. Si un préfet décide de mettre un individu à la rue, il lui suffit de le considérer comme un squatteur ou un voleur alors qu'il a été pris en charge par un centre d'hébergement d'urgence.
Je ne fais pas là de la politique politicienne, monsieur le rapporteur, monsieur le garde des sceaux. Je veux simplement vous avertir de ce que vous allez provoquer avec la proposition de loi. La caisse d'allocations familiales (CAF) a indiqué récemment que 228 000 familles étaient en situation d'impayés de loyer du fait de l'inflation et de la hausse des prix de l'énergie. Avec ce texte, vous allez mettre à la rue un grand nombre de personnes. Que direz-vous aux travailleurs du Samu social alors que le 115 est déjà saturé ? Les refus d'appels sont actuellement très élevés – 80 % à 90 %. Envisagez-vous de recruter de nouveaux personnels ? Créerez-vous de nouveaux centres d'hébergement d'urgence pour accueillir les nouvelles personnes à la rue ?
Vous condamnez les gens à la mort sociale et à la rue. J'aimerais que vous soyez un peu lucides sur ce que vous êtes en train de faire !