D'un côté, il y a ceux qui veulent, de manière apaisée et sérieuse, parler du fond, de la nécessité absolue de protéger ce droit, de l'attachement à ce qui fait l'histoire politique et juridique de notre nation. De l'autre, il y a ceux qui veulent mettre en scène des oppositions qui n'existent pas forcément – on vient d'entendre une intervention sur les droits humains qui n'a pour objet que de tendre les débats.
C'est symptomatique de la manière dont on fait de la politique aujourd'hui : on est filmé, nos débats sont retransmis sur internet, commentés sur Twitter, sortis de leur contexte… Alors que ce texte devrait faire consensus, certains l'abordent dans l'optique de « démasquer » ou de « débusquer » ceux qui pourraient exprimer un doute, une crainte, ou seulement le souci de la précision sur une question aussi sensible.
Fallait-il, par exemple, faire le choix d'une proposition de loi constitutionnelle ? Nous aurions pu nous entendre sur une proposition de résolution, qui aurait dessiné le début d'un chemin d'équilibre. Le problème de la proposition de loi constitutionnelle, c'est qu'elle mène au référendum. Je n'ai pas peur du référendum, mais je m'inquiète s'il est un moyen de galvaniser les foules et de faire monter artificiellement dans le pays des oppositions qui n'existent pas. Le droit à l'avortement, que nous défendons tous, mérite un débat apaisé.