Les amendements de François Ruffin pour ce dossier
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Monsieur le Premier ministre, j'ai reçu dans ma boîte aux lettres votre projet « Nous avons besoin d'Europe », avec en couverture Valérie Hayer et Emmanuel Macron.
Sur seize pages, bien des délices sont promis à notre pays, et même à notre continent tout entier. Vous vous engagez notamment en faveur d'« une écologie à l'européenne, faite de croissance, de production et d'innovation », avec la promesse d'« un doublement de la part du fret ferroviaire ». Décidément, vous osez tout, et c'est à cela qu'on vou...
Car que faites-vous, pour de vrai, avec l'Union européenne ? Vous cassez le fret ferroviaire en France. Vous le détruisez. Vous l'écrasez.
Reprenons le dossier. L'an dernier, concurrence oblige, la Commission européenne a lancé une enquête sur l'entreprise Fret SNCF. Il n'y avait pas de deadline, pas de délai. Vous aviez des mois, voire des années, pour négocier – de quoi jouer la montre, plaider, contester. À la place, vous vous êtes précipité à Bruxelles et y avez signé a...
Ce seront 500 cheminots sans boulot. Il est vrai que nous ne sommes plus à cela près : en vingt ans, Fret SNCF a perdu deux tiers de ses effectifs. C'est un naufrage.
La SNCF devrait être notre outil pour mettre les marchandises sur les rails, pour baisser nos émissions, pour diminuer la pollution. Cet outil, nous devrions le muscler, le soutenir, le renforcer. Mais cet outil, vous le broyez entre vos mains tandis que vos bouches promettent en vain. Aussi ne vous demande-t-on pas la grande révolution écologi...
Nous sommes très loin d'être rassurés quand, ces dernières années, plus de 1 000 kilomètres de lignes de fret ferroviaire ont été fermées dans notre pays !
Mesdames et messieurs du Gouvernement, et derrière vous monsieur le Président, vous êtes le coyote de Tex Avery : il court, il court, il a franchi la falaise et sous lui, c'est le vide. Il le découvre et soudain il chute. Je vous écoute, je vous regarde, et c'est ce vide qui me frappe : ce vide en vous, ce vide sous vous.
Pour le dire autrement, dans un propos plus intello, Antonio Gramsci écrivait : « la classe dominante a perdu le consentement, c'est-à-dire qu'elle n'est plus "dirigeante", mais uniquement "dominante", et seulement détentrice d'une pure force de coercition. »
Voilà le moment que nous vivons. Que se passe-t-il ? Vous le Gouvernement, vous le Président, vous les dominants, vous ne dirigez plus, vous ne cherchez même plus à diriger, c'est-à-dire à entraîner le peuple, à obtenir son consentement. Non, désormais, vous faites sans. Convaincre de la justesse, de la justice, de votre projet ? Vous avez à pe...
Vous en avez pris acte : deux Français sur trois y sont opposés, et alors ? Tous les syndicats sont unis contre vous, et alors ? Une, deux, trois, quatre manifestations à un, deux, trois millions de personnes, et alors ? Les raffineries sont bloquées, les déchets pas ramassés, et alors ? Pour reculer, dites-vous, il vous faudrait des morts… Le ...
Car que faites-vous ? Vous punissez des travailleurs qui ont tenu le pays debout. Vous instillez dans les cœurs du dégoût. Vous écrasez une démocratie que vous devriez soigner. Vous abîmez un pays qu'il nous faut réparer. Alors, chers collègues de droite, du centre et de partout – marcheurs, même – j'en appelle à votre responsabilité !
Pourquoi faire le grand saut avec Macron, boulet au pied ? Jeudi, votez non pour un camp, non pour un clan, mais en votre âme et conscience, votez au mieux pour la France !