Publié le 2 février 2023 par : M. Nilor, Mme Abomangoli, M. Alexandre, M. Amard, Mme Amiot, Mme Amrani, M. Arenas, Mme Autain, M. Bernalicis, M. Bex, M. Bilongo, M. Bompard, M. Boumertit, M. Boyard, M. Caron, M. Carrière, M. Chauche, Mme Chikirou, M. Clouet, M. Coquerel, M. Corbière, M. Coulomme, Mme Couturier, M. Davi, M. Delogu, Mme Dufour, Mme Erodi, Mme Etienne, M. Fernandes, Mme Ferrer, Mme Fiat, M. Gaillard, Mme Garrido, Mme Guetté, M. Guiraud, Mme Hignet, Mme Keke, M. Kerbrat, M. Lachaud, M. Laisney, M. Le Gall, Mme Leboucher, Mme Leduc, M. Legavre, Mme Legrain, Mme Lepvraud, M. Léaument, Mme Pascale Martin, Mme Élisa Martin, M. Martinet, M. Mathieu, M. Maudet, Mme Maximi, Mme Manon Meunier, Mme Obono, Mme Oziol, Mme Panot, M. Pilato, M. Piquemal, M. Portes, M. Prud'homme, M. Ratenon, M. Rome, M. Ruffin, M. Saintoul, M. Sala, Mme Simonnet, Mme Soudais, Mme Stambach-Terrenoir, Mme Taurinya, M. Tavel, Mme Trouvé, M. Vannier, M. Walter.
La présente loi ne s’applique pas au département et à la région de Martinique.
Par cet amendement de repli, notre groupe souhaite que la réforme des retraites ne s’applique pas en Martinique.
La réforme des retraites imposée par le Gouvernement et ses tragiques conséquences sociales auront d’autant plus d’impact pour nos concitoyens ultramarins qui sont d’ores et déjà dans une situation socio-économique inacceptable, du fait de nombreuses inégalité structurelles et structurantes. Notre opposition à l’application de cette réforme est donc d’autant plus forte dans ces collectivités.
Dans les Outre-mer, l’âge moyen de départ à la retraite est déjà plus tardif, à 64,7 ans en Martinique contre 62,7 ans dans l’hexagone (CNAV, 2021). Ce n’est pas pour le plaisir, mais bien pour ne pas partir avec des pensiosn trop faibles que ces départs sont plus tardifs, du fait de carrières moins stables que dans l’hexagone (interruptions de carrière plus nombreuses, emploi informel). L’entrée tardive en activité s’explique également par le fort taux de chômage chez les jeunes : en Martinique un jeune actif sur trois est au chômage et globalement le taux de chômage est 2 fois supérieur à l’hexagone (18 % contre 9 %), bien que ce soit le taux le plus contenu des Outre-mer.
La difficulté à accumuler le nombre de points nécessaires pour une carrière complète est d’autant plus dommageable face à la plus faible espérance de vie des populations ultra-marines. L’espérance de vie à la naissance en 2021 en Martinique pour les femmes est de 81,4 ans pour les femmes contre 85,5 ans dans l’hexagone. Pour les hommes, 74 ans contre 79,5 ans dans l’hexagone. La faible espérance de vie à 60 ans se double d’une majorité d’années en mauvaise santé dans ces collectivités.
Suite logique, les pensions y sont plus faibles que dans l’hexagone. Un retraité ultramarin touche en moyenne une pension inférieure de 10 % à 17 % à un senior de l’hexagone. Cela est aussi dû au fait que les emplois y sont moins qualifiés (ouvriers et employés).
La présente réforme des retraites va aggraver ces inégalités préexistantes entre les Outre-mer et l’hexagone. La grande pauvreté, couplant pauvreté monétaire et privations matérielles et sociales sévères, y est 5 à 15 fois plus fréquente (INSEE, 2022) et elle touche 9 % des retraités martiniquais contre 1 % dans l’hexagone. Alors que la population y vieillit déjà plus rapidement, la présente réforme des retraites va aggraver les situations de pauvreté et de précarité des retraités ultramarins, en reculant encore l’âge de départ et la durée de cotisations. Reculer l’âge de départ à la retraite dans ces collectivités, c’est condamner ces populations à travailler jusqu’à la mort, c’est ne leur faire rien connaître de plus que la précarité et le travail, et y aggraver la surmortalité.
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